Après le succès de "Mirage", les petits frères des grands du prog' se lancent dans un projet plus ambitieux qui deviendra leur plus grand album. Andrew Latimer et Peter Bardens, qui assument désormais pleinement leur statut de leaders du groupe, vont choisir d'écrire sur un concept original. Ils choisissent un livre pour enfants d'un écrivain scandinave intitulé "the Snow Goose". L'auteur refusant de leur céder les droits, l'album, composé intégralement par Bardens et Latimer, sera titré "Music inspired by the Snow Goose".
Inutile de raconter vraiment l'histoire de "the Snow Goose", une histoire d'amitié et d'amour, où le héros Rhayader sympathise avec une oie sauvage. Inutile, car ce disque n'est fait que de musique ! Aucune parole, aucun mot prononcé. Seule la voix de Latimer se fait parfois entendre pour réaliser des chœurs.
La liste des morceaux de "the Snow Goose" est longue, le disque étant en fait composé de petites virgules musicales enchaînées. On retiendra seulement 'Rhayader Goes to Town' et son génial solo de guitare et de piano électrique Fender Rhodes. Le génie de cet album est justement son unicité. Indivisible, "the Snow Goose" s'écoute comme on regarde un film. Envoûtant, mystique, et très varié, le son de l'album est truffé de petits solos de génie. Tous les instruments du groupe sont exploités : Latimer prend la flûte, Bardens utilise tous les claviers, et Ferguson remue son duffel-coat pour imiter les battements d'ailes de l'oie sauvage !
"the Snow Goose" est l'album de Camel à posséder. C'est une œuvre d'une remarquable originalité, tant dans la forme que dans le fond. C'est aussi l'un des rares disques de l'époque à être de qualité égale : il n'y a aucun passage qui mérite d'être sauté. C'est enfin une véritable bouffée d'air frais, tant ce disque laisse l'impression sereine d'une magie modeste et efficace.