Après un « Back to Times of Splendor », bijou de prog death porté aux cieux par la critique, nous étions impatients de connaître la suite donnée aux évènements… Peut-être même un peu trop tant les allemands de Disillusion ont pris à contre-pied leurs fans en proposant un « Gloria » aux antipodes de son prédécesseur…
Si beaucoup d’admirateurs trouveront la démarche incompréhensible et crieront à l’infamie, d’autres -dont je fais partie - salueront l’audace des allemands. Ces derniers plutôt que de se satisfaire d’un éventuel « Back to Times of Splendor » n ° 2 et de choisir la voie de la facilité ont préféré garder leur intégrité en allant jusqu’au bout de leur idée en nous proposant, donc, un album prog atmosphérique aux forts accents électro. A cet égard, je ne ferai donc pas partie des innombrables qui jettent le bébé avec l’eau du bain sous prétexte que celle-ci n’est pas assez chaude, dans le cas précis de « Gloria »…
Non, au contraire, apprécions cet opus sans d’éventuels préjugés issus de vénération intempestive de son frère aîné.
Concrètement, le titre éponyme résume à lui seul la démarche osée des allemands : une intro sur fond de chœurs féminins d’église grandiloquents suivi d’un riff puissant en guise de refrain qui se termine en apothéose pour repartir en douceur avec le retour progressif des chœurs, le tout sur fond de beats électro : envoûtant….
Au titre des titres (justement) les plus déroutant pour les fans initiaux, citons « Aerophobic » quasiment électronique du début à la fin au rythme répétitif qui monte crescendo et sur lequel un riff de guitare vient se greffer.
A l’inverse, le morceau le plus proche du Disillusion que nous connaissions est indéniablement « Too Many Broken Cease Fire » avec, pour une fois, la voix de Vurtox non transformée par l’usage du vocoder mais les accents death brillent toujours par leurs absences !
Enfin, pour clore l’album, notons un majestueux « Unitefen » titre acoustique mélancolique…
En bref, je vous mentirai si je vous affirmais que je n’ai pas été déçu à la découverte de cet inattendu « Gloria ». En effet, je vous mentirai en vous disant que la musique des allemands n’a pas perdu en profondeur, n’a pas perdu un peu de son âme en laissant de côté l’aspect « death » qui donnait cette envergure supplémentaire faisant de « Back to Times of Splendor » une des sorties majeures de 2004…
Il en reste pas moins qu’au sortir de l’écoute des 51 minutes de ce « Gloria », force est constater que la musique de Disillusion est toujours très rock, puissante, entêtante mais surtout profondément progressive… Et ce, même si les éléments constitutifs de cette musique ont été modifiés par rapport à «Back to Times of Splendor », l’électro remplaçant le côté death mélodique.
Passé donc le cap de la découverte dubitative, on trouvera dans ce « Gloria », un album véritablement envoûtant que l’on ne pourra apprécier qu’après avoir fait table rase du passé du groupe allemand.
Enfin, au-delà de l’aspect purement musical (qui nous intéresse malgré tout au premier chef), je tenais encore à saluer la démarche d’un groupe à part, hors-normes, inclassable, innovant et au potentiel énorme : très certainement, LE groupe prog’ métal à suivre à l’avenir !