Un
jeune Anglais exilé en Australie vivait des hauts et des bas,
accompagnant des groupes sur scène tout en travaillant derrière les
fourneaux. Ses seuls instants de plaisir se résumaient à griffonner des
paroles de chansons dans ses carnets. Un jour, il comprend qu'il est du
mauvais côté du mur et pour rompre son quotidien morne décide de
s'affranchir de tout ce qui l'empêche de s'envoler. Le jeune garçon se
baptise du nom de son lieu d'origine : Barton Hartshorn. A présent
établi à Paris, il sort son deuxième album : ''Not What I Expected To
Hope For''.
Ce
disque, à l’inverse du précédent, sonne plus anglais qu’américain.
Barton Hartshorn a des qualités vocales assez magnétiques avec une voix
chaleureuse à la John Wetton.
Avec son accent traînant, on pense d’abord à un vieux loup de mer
revenu sur le rivage, avant qu’il n’exprime toute sa jeunesse éprise de
liberté. Sa voix est soutenue par des chœurs enjôleurs utilisés à bon
escient (sauf dans 'Forbidden Days' où ils apparaissent sucrés à la
guimauve). La musique est immédiate et nous embarque sans crier gare à
l'image de cet 'I Got Away', habilement placé aux avant-postes,
aussitôt suivi d'un 'Listen For A Change' qui mériterait d'être diffusé
sur toutes les radios françaises. L'artiste nous fait partager ses
influences qui vont du rock au folk en passant par la new wave. Barton
ajoute une panoplie d'instruments dont la réunion à son monde pouvait
apparaître risquée : synthétiseurs, boîtes à rythmes, la complainte d'un
harmonica dans 'Rumours'... Pourtant la mayonnaise prend, et chacun des
morceaux se présente comme une variation contrôlée du précédent,
délivrant des refrains pimentés de poison addictif - on se surprend en
flagrant délit en les reprenant en chœur derrière son clavier !
Les
esprits chagrins pourraient reprocher à Barton Hartshorn d'avoir mis la main sur
une formule simple et efficace et de la répéter, notamment avec la
succession des ballades, alors que chacune d’entre elles dissimule sa
propre identité : l'acoustique 'The Gold Black' ne laisse pas
indifférent et invite à la rêverie tandis que la pluvieuse 'Did I Let
You Down' nous révèle en fait un magnifique ciel bleu. Piste après
piste, Barton, tel un professeur es pop, nous surprend en changeant de
style et en variant les plaisirs : il est par exemple quasiment
impossible d'anticiper l'énergie rock de 'Like The Sea' et de s'y
montrer indifférent. Les vertus mélodiques de ''Not What I Did Not
Expected For'' ne révolutionnent pas la pop mais permettent de se
laisser enlacer par celle-ci pour y retrouver les caresses originales de
la Création...
"Not
What I Was Expected For'' est une belle découverte pop d'un artiste au
travail, nous offrant un petit monument d'optimisme dans une période
tourmentée. N'hésitez pas à vous laisser ensorceler par ce magicien anglais vivant à Paris.