Bien qu’ils nous viennent de Los Angeles, le trio à qui nous avons affaire aujourd’hui n’est pas composé que d’Américains. Un seul d’entre eux est né sous la bannière étoilée, et ce n’est pas le moins connu puisqu’il s’agit du fils de Steve Lukather, le guitariste de Toto. Dénommé Levara, le combo propose aux amateurs de rock léché à tendance pop un opus éponyme qui a déjà émoustillé la Toile, puisque pas moins de cinq singles diffusent ces derniers mois sur YouTube leurs mélodies radiophoniques mises en valeur par d’attrayantes images. Associé au rejeton du guitariste prodige, nous trouvons un Anglais à la batterie. Josh Devine, qui officie derrière les fûts lors des tournées de One Direction. Seul le nom du petit Français du combo, Jules Galli, nous est étranger. C’est pourtant le rôle du frontman qui lui a été confié.
Levara propose un rock mélodique multi-typé et un album empli de nuances. Parfois hard, mais également pop, jazzy, soul, voire glam, les dix titres déclinés ici pourraient tous aisément peupler les ondes radiophoniques. Les mélodies distillées sont délicates, fraîches et légères. Elles dessinent des sourires aux lèvres, diffusent un sentiment de bien-être et donnent envie de bouger. Au jeu des comparaisons, et bien que Levara ait su se tenir à l’écart de ces ombres monolithiques, on pense à Toto et à Journey. Par petites touches Coldplay, Hoobastank et Art Nation ne sont également pas loin.
Le jeu de Trev Lukather, aérien et empli de feeling, est une des pierres angulaires du trio. Il apporte au projet la réelle personnalité de ses interventions qui donnent aux morceaux cette accroche originale, les rendant addictifs. Jules Galli, quant à lui, insuffle au concept le charme qui le caractérise. Toutefois, son physique de gravure de mode n’est pas son seul atout. En effet, le Français, aidé par des chœurs travaillés et toujours judicieux, et grâce à une voix qu’il sait adapter, propulse les mélopées posées vers des sommets enjôleurs, et booste l’entrain de celles qui se veulent plus enlevées.
L’opus est particulièrement cohérent. L'équilibre entre passages paisibles et mouvements plus rythmés est savamment maitrisé. Ainsi, cette œuvre est un tout duquel il ne peut être extrait, pour le mettre en valeur, un titre plutôt que l’autre. Néanmoins, notons le succulent 'One For The Night' qui lorgne du côté de Colplay, notamment sur les chœurs finaux, le tubesque 'Can’t Get Over' fort pop dans l’âme, et le foudroyant électro-rock 'Automatic' qui groove inimitablement. Ne pas citer quelques-uns des autres singles susmentionnés serait malencontreux, alors évoquons pour complément le tourbillonnant 'Heaven Knows' qui allie habillement guitares rock et mélodies pop, et le magnifique 'Chameleon' qui, tout en douceur et rythme enjôleur, alpague et ne lâche plus l’auditeur - il a même convaincu Steve Perry, l’ex-frontman légendaire de Journey, qui a souhaité y apposer ses chœurs.
Voilà une bien belle surprise que cet opus varié, addictif et bourré de feeling. Il devrait plaire à n’en pas douter aux amateurs d’AOR et de pop rock radiophonique. Cependant, notons, et c’est particulièrement chagrinant, que Lukather vient de quitter la formation. La suite des aventures de Levara semble donc être sérieusement compromise avec la perte de son guitariste flamboyant.