ISSA: Queen Of The Broken Hearts (A.O.R.) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Depuis huit ans et cinq albums, l’histoire d’Issa semble être un éternel recommencement. Des compositions formatées pour les bandes FM, un line-up composé de pointures du genre AOR/ hard mélodique et une chanteuse au physique avantageux et à la voix puissante sombrant souvent dans la démonstration. C’est bien simple, en dehors de "Can’t Stop" (2012) qui était un peu plus intéressant bien qu’étant un opus de reprises, nous avions l’impression de faire des copier-coller de nos chroniques précédentes à chaque nouvelle livraison. Trois ans après un "Run With The Pack" (2018) qui ne dérogeait pas à la règle, la Norvégienne est de retour avec la même équipe et une formule qui ne semble pas devoir changer.

Comme d’habitude, la production est parfaite, alliant puissance et clarté. Bien qu’étant clairement là pour soutenir la diva, chaque instrument bénéficie d’une place le mettant suffisamment en valeur, à commencer par les claviers d’Alessandro Del Vecchio. Si ces derniers ont souvent tendance à sonner très 80’s, ils ne sont pas pour autant datés et peuvent également faire preuve de modernité, comme sur le mid-tempo ‘The Night It Rained Forever’, plus sombre et efficace avec ses effluves de Within Temptation ou d’Evanescence, ou sur l’AOR et catchy ‘I’m Here To Stay’. Autre instrumentiste mis en valeur, Simone Mularoni enquille les soli lumineux et véloces comme des perles avec des sommets atteints sur ‘Blue’, ‘Wait For Love’ ou ‘Die For A Life With You’. Enfin, la section rythmique est une nouvelle fois sans faille et offre des fondations à la fois solides et dynamiques.

Avec une telle concentration de points forts, "Queen Of Broken Hearts" semble armé pour s’imposer comme une sortie incontournable de la scène AOR / hard mélodique. Pourtant, il y a deux points qui risquent de l’empêcher d’atteindre cette sphère réservée aux plus grands. Le premier vient du côté très formaté de nombreuses compositions. Certes, tout cela est parfaitement exécuté et on se prend souvent à retenir quelques refrains accrocheurs mais tout cela s’efface rapidement de notre mémoire. Le second handicap de cet opus, et cela reste une énigme, même pour un sixième album, c’est le chant de la maîtresse des lieux. Si Issa possède sans aucune contestation une voix à la fois claire et puissante, elle persiste à vouloir se faire démonstrative aux dépens de nuances qui mettraient tellement plus ses qualités en valeur. Les rares fois où elles se prête à cet exercice (‘The Night It Rained Forever’, ‘Blue’), le résultat est particulièrement efficace. Malheureusement, à toujours vouloir insister sur la puissance, elle finit par se transformer en diva et par épuiser l’auditeur qui relâche son attention avant la fin, d’autant qu’il n’y a pas une grande variété dans les ambiances.

Malgré tout, nous reconnaitrons la qualité de l’ensemble et le conseillerons à ceux qui ne seront rebutés ni par un chant trop démonstratif ni par des titres au formatage évident. Pour notre part, nous ne pourrons pas franchir le pas qui nous permettrait de faire preuve d’enthousiasme. Tout cela est d’autant plus frustrant que les qualités et le talent sont de toute évidence présents et qu’un peu de modestie et de prise de risque artistique permettraient d’obtenir un résultat réellement supérieur. Peut-être pour le septième album - si nous avons le courage de nous y intéresser encore ?

ISSA

QUEEN OF THE BROKEN HEARTS

FRONTIERS RECORDS

A.O.R.