Comment on s’en sort quand on est le fils d’une légende ? A cette question, Wolfgang Van Halen répond de la plus belle des manières : en jouant sa propre musique, tout simplement. Et au diable les critiques, qui de toute façon sont inévitables. Au diable les affirmations péremptoires des rageux qui croient tout savoir. Au diable les "oui, mais toi tu es un fils de … c’est plus facile". Tu parles, comme si c’était facile d’être l’héritier d’un des guitaristes les plus influents de l’histoire de la guitare ! De toute façon, à l’âge de 15 ans, il s’en prenait déjà plein la tronche. Alors un peu plus ou un peu moins, quelle importance ? Pensez-donc, il avait eu l’outrecuidance de remplacer Michael Anthony à la basse au sein de Van Halen. Il en a tellement entendu qu’il est blindé pour le restant de ses jours. Pourtant, il était facile de comprendre que Van Halen était une histoire de famille depuis le début et que c’était le meilleur moyen pour un fils et son père de passer du temps ensemble.
Aujourd’hui Wolfgang doit surmonter l’absence d’Eddy. Et même si ce premier album a été entièrement composé avant la mort du maître, il sera facile aux esprits les plus étroits et malsains de le soupçonner de profiter de la situation et de faire des comparaisons, d’autant plus que le fils a intitulé son projet Mammoth, du nom du premier groupe de son père. A ceux-là, WVH répond sans aucune ambiguïté que non, il n’a pas et il n’aura jamais le niveau d’Eddy, mais que ça ne l’empêche pas d’être un excellent musicien. D’abord parce qu’il a absolument tout fait sur cet album sur lequel il chante et joue de tous les instruments. Ensuite parce que sa musique n’a de point commun avec Van Halen que l’aspect hard rock des compositions. Pour le reste, les influences de WVH sont celles d’un enfant des années 90, Alice In Chains, Queens Of The Stone Age et surtout les Foo Fighters (‘Mr Ed’, ‘Horribly Right’).
Ce premier album de Mammoth WVH est une succession de titres heavy rock mélodiques et accrocheurs (‘Don’t Back Down’, ‘You’re To Blame’, ‘You’ll Be The One’ et son riff à la AC/DC). Pas de doute, l’expérience de Wolfgang en tant que bassiste de Tremonti a laissé des traces dans sa manière de composer (‘Mammoth’, ‘Resolve’). Même si certains titres hard FM/AOR ont tendance à affaiblir la dynamique de l’ensemble (‘Epiphany’, ‘Think It Over’), Wolfgang sait aussi ménager ses effets avec de belles surprises. C’est le cas du puissant ‘Stone’ et son approche stoner marquée et surtout de la ballade electro acoustique ‘Circles’ à l’ambiance sombre et mélancolique.
Ce premier album de Mammoth WVH respire le sérieux et l’humilité, ce qui le rend particulièrement attachant. Wolfgang sait que la seule manière de tracer sa route est de faire la musique qu’il aime sans jamais oublier d’où il vient. C’est d’ailleurs avec un hommage extrêmement émouvant à son père qu’il décide de clore son premier album. ‘Distance’ résume à lui seul la simplicité et la sincérité de ce musicien accompli qui, à trente ans, a enfin la possibilité d’exprimer sa sensibilité. En chantant les dernières paroles de cette magnifique chanson, "I’m so happy you’ve found a place", Wolfgang s’adresse autant à Eddy qu’à lui-même.