Jeune groupe parisien, Autòmata officie dans un post rock instrumental aux frontières du progressif et du metal. Le premier album intitulé sobrement "Autòmata", enregistré aux studios Labsonic et La Tour Fine en région parisienne et financé par une campagne de crowdfunding, est sorti fin janvier.
Dès 'Tanger', l'auditeur comprend que Autòmata est différent de la pléiade de productions post rock standardisées. Là où la plupart des groupes peinent à sortir des codes édictés par les pionniers, Autòmata peint un tableau mélancolique et lumineux, profond et sombre. En témoigne le mélange des guitares acoustiques et électriques cristallines qui éclaire élégamment la mélodie mélancolique d'un titre introductif évolutif et passionnant. Lors d'un 'Church' plus conforme aux codes habituels du post rock moderne qui n'est pas sans rappeler les Écossais de Mogwaï, ce sont les aspects metal que le quatuor francilien met en avant en s'appuyant sur une mélodie entêtante, fil conducteur du titre au fil de son évolution depuis une intro électro jusqu'aux montées métalliques plus rugueuses.
Toutes les musiques instrumentales ne sont pas nécessairement inspirantes ou incitatives à la rêverie. Celle d'Autòmata, si. La batterie très brute et sèche de '3x3+5' nous plonge dans nos maux les plus intimes avec son ambiance profonde et sombre propice à l'introspection. La solennité de l'intro de 'Verdik', sa construction évolutive, sa section rythmique syncopée en mode math rock et sa seconde partie métallique en font le titre le plus progressif de "Autòmata". Tout un contraste avec 'Automate' et son rythme métronomique puisque le titre qui clôt admirablement l'album brille par une lumineuse mélancolie, des changements de tonalité tout en douceur, des arpèges hypnotiques, des guitares plaintives et une musicalité touchante.
"Autòmata" est un album passionnant et immersif. Il est surtout touchant et addictif. Extrêmement bien produit, il regorge d'arrangements subtils et d'idées mélodiques et rythmiques brillantes où les riffs et les mélodies sont le fil rouge de titres mouvants au pouvoir cinématographique très fort. On regrettera simplement un format un poil court de 37 minutes et 5 titres, même si ces derniers prennent le temps de se développer.
Les amateurs du genre seront comblés, pour les autres, oubliez les clichés qui vous empêchent de vous tourner vers le post rock et écoutez cet "Autòmata", grosse surprise de ce début d'année, sur lequel post rock et progressif font si bon ménage. Et comment ne pas conclure sur la phrase de présentation du groupe si juste : "Post" quelque chose, oui, mais "pré" tellement d'autres choses ..."