Il aura fallu plus de 7 années d'escapades en solitaire et d'accompagnement de la carrière boulimique de sa tendre moitié (Lana Lane) pour qu'Erik Norlander réactive le groupe de ses débuts, les Rocket Scientists. Et, ce musicien ne faisant jamais les choses à moitié (à l'instar d'un Arjen Lucassen avec lequel on pourrait comparer si ce n'est leur musique, du moins leur trajectoire), il se fait pardonner de cette longue absence en nous livrant un pavé compact d'une centaine de minutes.
La première chose qui frappe dans cette nouvelle livraison, c'est la qualité des différents intervenants. Outre le prince des claviers, on retrouve à ses côtés le co-fondateur du groupe Mark McCrite, les deux bonhommes étant accompagnés par une section rythmique de feu, avec le fidèle Don Schiff à la basse et le non moins réputé Greg Bissonette derrière les fûts, tandis que deux "inconnus" (!!!) sont également venus faire une petite pige sur ce dernier poste (Shaun Guerin, ressuscité par l'intermédiaire de vieux enregistrements, et Simon Philips sur "Better View"). De son côté, David Mc Bee assure la majeure partie des interventions vocales.
Après une telle mise en bouche, c'est avec une certaine impatience que l'auditeur va introduire la première galette dans son lecteur, et prendre une première claque avec la production, tout bonnement énorme. Passée une introduction instrumentale quelque peu pompeuse, on rentre très vite dans le vif du sujet avec des titres de néo-progressif au (gros) son typiquement américain, flirtant par moment avec le métal. La section rythmique est monstrueuse, tandis que les interventions inspirées de claviers et de guitares viennent compléter avec dextérité l'espace sonore.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'on a affaire à du lourd, et on ressent l'influence des dernières productions solo d'Erik Norlander. A ce titre, "Revolution Road", ou encore le magnifique instrumental "After the Revolution" qui clôt l'album renvoient tout droit à un album comme "Music Machine". Par rapport aux précédents albums du groupe, on notera que le côté démonstratif des claviers d'Oblivion Days a quasiment disparu, laissant plus d'espace aux soli de guitare, comme si le musicien avait pu depuis satisfaire suffisamment son ego dans son travail en solo. En revanche, certains titres renvoient tout de même aux travaux plus anciens du groupe. On pense ainsi à "Savor Every Moment" ou encore "Castels Falls", qui rappellent l'ambiance plus calme de Brutal Architecture, et notamment son titre phare "Mariner".
Quoiqu'un peu inégal sur la durée (un album simple bien rempli aurait peut-être suffit), Revolution Road est un album solide de néo-progressif à l'américaine. Même si l'on pourra fustiger le manque d'innovation par rapport à un style désormais bien en place, on relèvera cependant quelques subtilités allant du jazz au métal, et qui raviront les oreilles de l'auditeur au fil des multiples écoutes nécessaires à son apprivoisement.