A l'origine projet solo de l'Espagnol Hugo Selles, pianiste de formation classique, qui a sorti 3 albums/EPs entre 2011 et 2017, Psychic Equalizer prend réellement une dimension de groupe en 2019 à la sortie de "The Sixth Extinction" où Hugo Selles se voit rejoint par l'Australienne India Hooi (chant et divers instruments), le Colombien Carlos Barragán (guitares) et Adrian Ubiaga, un autre Espagnol, aux claviers. Si ce premier album est encore majoritairement instrumental et partagé entre rock, ambient, jazz et musique classique, l'EP qui le suit ("Revealed" en 2020) marque un net changement d'orientation par des titres plus concis, l'apparition de velléités metal et une omniprésence du chant. Covid oblige, Psychic Equalizer remet le couvert avec un second EP dont le titre, "Revealed II", laisse présager une filiation avec le disque précédent.
Et ce n'est pas le titre d'ouverture, 'The Astronomers', qui démentira cette impression : démarrage enlevé emmené par une rythmique puissante et syncopée, un thème proche de ceux qu'affectionne le metal progressif et un chant évoquant étrangement Tarja Turunen, tout laisse à penser que Psychic Equalizer s'est de nouveau laissé tenter par une approche chanson teintée de metal plus accessible, mais moins originale, que tout ce qui avait précédé "Revealed". Mais à 2'20, l'atmosphère change pour devenir plus solennelle avant que le thème chanté ne revienne, bien plus doux et accompagné de guitares acoustiques, avant de se muer en une mélopée élégiaque du plus bel effet.
Ce premier titre annonce le contenu de l'album, un rock progressif qui va alterner passages quasi metal ('Destination Zero', 'The Last of Humankind') et moments jazzy, ragtime ('The Last of Humankind') ou new age ('Lament'), passant de thèmes soutenus à d'autres plus légers, partageant judicieusement son temps entre parties chantées et instrumentales, mariant sans vergogne les riffs lourds de guitares acérées aux arpèges et multiples appogiatures d'un piano classique (le magnifique solo de 'Destination Zero' notamment) et conviant à la noce guitares classiques, flûtes et batterie inventive.
La technique des musiciens, assurée par leur bagage classique, est de haute tenue, entièrement mise au service des compositions, sans aucune tendance narcissique. Les solos de guitare électrique et de piano alternent avec bonheur et le chant d'India Hooi vient pimenter le tout, évoquant tour à tour Tarja dans les passages nécessitant de la puissance et la fantasque Kate Bush lorsqu'il atteint des aigus acidulés.
Moins novateur que "The Sixth Extinction" mais plus varié que "Revealed", il n'y a donc pas grand-chose à reprocher à ce court album qui réunit thèmes mélodieux et diversité, permettant à l'auditeur de passer un excellent moment.