Le thème de la "chasse aux rêves" est propice à un voyage nocturne incarné par les dix titres de l’album comme autant de petites saynètes qu’affectionnaient les Beatles dans les années 70. Lonny Zyblat est un conteur d’histoires musicales où l’endormi batifole dans des rêveries créées par son esprit sensible comme en témoigne le singulier ‘Lost And Found’ qui commence comme une gentille comptine à la guitare sèche progressant vers des mouvements quasi psychédéliques comme s’il s’agissait de la bande originale de "Alice aux Pays des Merveilles".

Mais résumer l’œuvre de Lonny Zyblat à des simples titres pop sensibles comme le ‘Healing’ d’ouverture serait mal connaître le musicien : l'expérience acquise notamment au sein de Modest Midget puis au cours de ses multiples collaborations tant classiques que pour des musiques de films constitue autant d’atouts pour bâtir une œuvre plus étendue qu'attendue. ‘Another Day’ en est le parfait exemple avec son atmosphère éthérée avec une belle utilisation de rythmes électro aériens à la Craig Armstrong, tutoyant le trip hop.

Cet album est presque une sorte de parcours d’une nuit agitée passant de l’intime (le minimaliste et touchant ‘Days Of Peace’ conçu comme une petite berceuse apaisante, enfantine avec ces petits sons de clochettes) au plus angoissant (‘Lady Witch’ au piano vaporeux, le petit frère sombre du morceau précédent). Dans ces rêveries, ‘Barby Q’ fait presque figure d’intrus par son air enjoué, léger proche d’Aqua (‘Barby Girl') mais il amuse et désarçonne à la fois, affirmant la liberté de ton de l’artiste. L'autre point fort de Lonny Zyblat est d’apporter à chacun de ses morceaux, comme un orfèvre, des petits arrangements qui ajoutent un supplément d’âme parfois humoristique (‘Stuck’ avec ses sortes de petites bulles qui semblent s’éclater à la fin du morceau) ou de sensibilité avec une folk habitée (‘Phony Baits’) permettant de maintenir l’attention.