Allemand de sol, Endseeker se veut en revanche suédois de cœur. Son death metal est clairement taillé dans cette peau scandinave, véritable A.O.C. avec son accordage plus bas que terre, ses riffs aussi malsains que granuleux et ses vocalises rêches comme frottées avec du papier de verre. Les fantômes d'Entombed et autre Grave guident les pas de ces Teutons énervés mais pas trop car un sirop plus mélodique coule aussi dans leurs veines. La recette est connue mais toujours efficace.
D'abord signé chez F.D.A. Rekotz, un de ces modestes labels qui fait bien souvent tout le boulot pour les plus gros mais surtout un de nos fournisseurs favoris en bon gros death des familles, poisseux et cadavérique, Endseeker a rapidement fini par séduire Metal Blade, pacte scellé par le solide "The Harvest" en 2019. "Mount Carcass" lui succède en ce printemps 2021 et confirme autant l'habileté que le potentiel du quintet basé à Hambourg. Mais aussi son manque de personnalité sinon d'audace, même si la relecture du 'Escape From New York' de John Carpenter (qui d'autre ?), qu'il transforme en hymne morbide, indique qu'il ne faut pas désespérer et que de bonnes surprises ne sont pas interdites de sa part. Et puis cela change des reprises de Bolt Thrower, Dismenber et consorts !
Si avec ces illustres aînés il ne rivalisera jamais, autant en termes de brutalité granitique que d'ambiances cendreuses, force est de reconnaître au groupe une facilité évidente à manier le couteau de boucher pour labourer dans la chair des tranchées desquelles suinte un pus fétide ('Merciless Tide'). Mais, dressant de lourds bunkers aux abyssales fondations ('Moribund'), Endseeker n'oublie pas de les enduire d'une épaisse dose de mélodies, à l'image de 'Unholy Rites' qui lance le panzer A7V avec ce mélange de vélocité robuste et d'accroche tenace et plus encore de 'Count The Dead' dont les profondes morsures font couler un jus obsédant. Les Allemands connaissent parfaitement leur death metal rampant et sinistre jusqu'au bout de leurs doigts sales grattant le sol d'un charnier encore fumant, savoir-faire éprouvé qui leur commande ce troisième méfait dont chaque parcelle est travaillée au burin et non sans nuance à défaut d'originalité.
Ciblé pour la scène où il déboitera sans mal les cervicales d'une armée de zombies, "Mount Carcass" respecte à la lettre son cahier des charges et devrait aisément ramoner les orifices des amateurs de bon death metal façon blindé, pesant et funeste mais secoué de mélodies aussi venimeuses que contagieuses. Fort de ce troisième effort chargé d'une macabre vigueur, Endseeker gagne encore du terrain, gravant durablement son nom dans notre mémoire.