Après cinq albums studio en presque 12 ans d'existence, le trio allemand The Hirsch Effekt s'est taillé une solide réputation dans le microcosme du tech metal dont ils sont aujourd'hui le fer de lance outre-Rhin et l'un des plus créatifs en Europe en introduisant nombre d'éléments progressifs dans leur hardcore technique. À peine un an après "Kollaps" sorti en 2020, le groupe revient ce printemps avec un EP constitué de 3 titres réorchestrés et d'un inédit.
Sous une étiquette orchestrale, "Gregær" propose une toute nouvelle lecture de titres phares du combo de Hanovre. Là où la plupart des groupes qui se lancent dans des versions orchestrales de leur back catalog se contentent d'y ajouter des chœurs et des nappes enveloppantes, The Hirsch Effekt s'est risqué dans une réécriture complète de ses titres en explorant le côté jazz de leur hardcore habituel. Ainsi, 'Natans' s'habille d'atours jazzy collant parfaitement avec ses développements progressifs. Les changements de tonalité déjà très présents dans l'original sont ici appuyés, emmenant l'ensemble vers un côté math rock passionnant.
La présence du jeune orchestre se fait plus appuyée sur une 'Domstol' naturellement plus doux dans son intro. Le hardcore qui s'ensuit passe tout seul et fera sans doute penser à Diablo Swing Orchestra pour le côté allumé de la compo et le traitement presque acoustique de l'orchestration. Étonnant et détonant. Également approché par la face jazz, 'Kollaps' est l'occasion de rappeler que les musiciens de The Hirsch Effekt comptent parmi les plus talentueux du genre, en témoigne l'introduction aérienne et tribale à la fois. Le titre peut rappeler le maître Devin Townsend par la richesse de ses développements et sa profondeur narrative. Le sommet de l'album.
Quant au tout nouveau 'Gregær', sans être raté, le titre tombe un peu à plat. La faute à une écriture comparable à ce que fait habituellement The Hirsch Effekt avec une intro lente et une montée progressive vers un déferlement de décibels et de hurlements. Il semble simplement que les guitares ont été remplacées par l'orchestre et que le titre ne bénéficie pas du même soin de réécriture que ses trois voisins.
S'il est toujours intéressant de voir un groupe évoluer en dehors de sa zone de confort, c'est encore plus vrai lorsqu'il s'agit d'un combo comme The Hirsch Effekt aux capacités techniques au-dessus de la moyenne. La revisite des trois anciens titres est agréable mais la nouvelle chanson n'apporte pas grand-chose à l'ensemble. Pour ceux qui ne connaissent pas le groupe, ce "Gregær" est une belle porte d'entrée, moins brutale que dans ses habits de tous les jours, mais les fans du groupe pourraient passer de la curiosité à une pointe de déception. À écouter ou à découvrir, sans plus.