Amon Sethis est un groupe de metal progressif qui s'améliore avec le temps. En 2014 il avait charmé la rédaction de Music Waves avec “The Final Struggle”, un disque riche, entre Orphaned Land, Opeth et Symphony X. Six ans après, il publie “Part 0 - Nitocris, the Queen with Golden Hair”, une histoire de passion et de violence autour d’une dynastie égyptienne. Si certains musiciens ont été remplacés, l’équipe renouvelée continue sur sa lancée avec ce nouvel album qui raconte l'histoire de la première femme pharaon (Nitocris), les troubles lors de son règne, ses luttes, ses amours et ses tentatives pour déjouer les plans visant à la renverser.
Encore plus que les précédents, ce disque est marqué par la couleur particulière de la voix de Julien. Elle est le socle sur lequel tout repose, la boussole qui nous guide dans cette histoire. Souvent rock, sa puissance pousse les curseurs dans le rouge, parfois douce, elle se fait sensuelle et intimiste. Elle propose aussi du grunt conduisant le groupe aux portes d’un death digne d'Opeth ou Orphaned Land (‘The Rise of Aoutef's Army’, 'Osiris, God Of The Dead’) ou utilise un registre suraigu typique du black (‘From Dust To The Stars’). Tout est donc réuni pour que la voix soit le moteur des chansons ainsi que la lumière qui les fait resplendir.
En plus du chant, les musiciens en grande forme semblent heureux de livrer un disque de cette qualité. Une grande puissance s’exprime presque sans limite. La déferlante énergétique produit des climats variés aux styles multiples, agrémentés d’ornementations symphoniques travaillées (‘Nitocris, The Queen With Golden Hair’).
Le groupe n’oublie jamais que la musique vit par et avec la mélodie : l'introduction de ‘The Legacy From The Past’ est digne d'une production hollywoodienne. Les harmonies sont envoûtantes, douces et charmantes. Les pistes sont habillées de chœurs lyriques et symphoniques, créant ainsi une sorte d’opéra aux couleurs métalliques (‘Desert Storm’). L'œuvre est particulièrement sensuelle quand la six-cordes joue avec une simplicité dépouillée qui surgit au milieu de la fournaise ou lorsque le piano cristallin apporte romantisme et mélancolie. En outre, l’album est soutenu par une technique imparable, des interventions solitaires redoutables qui ponctuent intelligemment les pistes (‘My Sister, My Love, My Pharaoh’) et une batterie qui se joue des tempos et propose des breaks dantesques (‘The Rise of Aoutef's Army’).
Amon Sethis a fait un grand pas en avant et confirme sa position de chef de file d’un nouveau metal progressif hexagonal. “Part 0 : The Queen With Golden Hair” est un superbe roman d’aventures sonores, un disque parsemé d’envolées lyriques ou de moments plus intimistes. Entre death, metal symphonique, progressif et passages intimistes, le groupe propose une œuvre indispensable qui marquera durablement le paysage musical francophone par sa puissance, sa technicité, sa force évocatrice romanesque.