Phil Manca traverse les années, la guitare à la main. En 40 ans de carrière, il a eu le temps de toucher à de nombreux styles différents, le plus souvent dans l’ombre. Ses heures de gloire, il les doit aux musiques de film, notamment ceux de Jean-Marie Poiré (pour "Les Visiteurs", entre autres), au projet musical Era et ses millions d’albums vendus, et à son opera-rock "Jack Et Le Haricot Magique". Mais Phil Manca est avant tout un enfant du rock des années 60 et 70, qui fit ses armes avec TNT puis avec Sortilège. Son deuxième album solo, "Dancing Spirits", est un hommage à ses premières et éternelles amours, un concentré de heavy blues qui renvoie aux pionniers du hard rock, à ceux qui poussèrent le gain des amplis tout en restant profondément ancrés dans le blues, aux Yardbirds et à Led Zeppelin.
C’est d’ailleurs avec un clin d’œil appuyé à ‘Kashmir’ que Phil Manca introduit le titre ‘Dancing Spirits’ sur lequel il démontre sa science du solo inspiré, efficace et sans fioriture. Aucun doute, quand il s’agit de mettre sa Gibson Les Paul au service d’un blues rock pêchu et bien gras, le Parisien n’a aucune leçon à recevoir. D’autant moins qu’il peut s’appuyer sur un chanteur particulièrement inspiré, Josselin Jobard, qui lui permet d’insuffler à ses compositions la fougue et le dynamisme indispensables au genre, comme sur le très bon ‘Got To No’ inspiré du meilleur AC/DC (période Bon Scott).
Mais même si Led Zeppelin reste une référence incontournable pour Phil Manca (‘Sea Of Stone’, ‘Mask Of Snow’), le guitariste est aussi un disciple de Gary Moore, auquel il a rendu hommage sur scène pendant deux ans avec son Gary Moore Tribute. Et l’esprit du grand Gary hante la plupart des solos de Phil, jusqu’à s’y méprendre sur la très belle ballade blues ‘Betty Blue’, une Betty que l’on s’imaginerait presque arpenter les trottoirs parisiens un soir d’été de 1949.
Avec "Dancing Spirits", Phil Manca nous offre un album d’une grande cohérence jusque dans le choix de ses reprises (‘All Around The World’ de Titus Turner, ‘Someone Cares For Me’ et ‘Motorhead Baby’ de Johnny Guitar Watson). Un album de heavy blues au caractère bien trempé qui n’a pas d’autre ambition que de nous filer une pêche d’enfer, ce qui, par les temps qui courent, est un vrai cadeau.