Et de cinq pour Chest Rockwell qui publie avec "The Existentialist" son deuxième album en deux ans, un an après "Ghost Of A Man Still Alive". Comme nous l’évoquions déjà lors de la chronique de ce disque, assez peu d’informations filtrent sur la toile au sujet de ce mystérieux groupe de rock américain, pourtant actif depuis plus d’une quinzaine d’années. Visiblement, le thème et les paroles de ce nouvel effort semblent liés à l’album précédent, mais il est difficile d’en savoir plus à ce sujet.
Mais venons-en au cœur-même de cet album ! En sortant un disque à peine un an après son prédécesseur, nous pouvions nous douter qu’une certaine accointance stylistique serait notable entre ces deux réalisations quasi-jumelles. Si le groupe se définit comme appartenant à l’étiquette progressive sous un versant plutôt metal, l’absence de réelle distorsion et la présence de fuzz nous donneraient plutôt envie de cataloguer Chest Rockwell au rayon du du rock stoner aux accents garage indépendant voire alternatif.
On y retrouve quelques phrasés de guitare rapides et techniques (‘Veil Of Ignorance’), des rythmiques groovy (‘Salience Of The Actor)’, parfois punk (‘Transference Interference’), quelques incursions dans la sphère progressive avec des morceaux un peu plus longs et alambiqués aux signatures rythmiques moins communes (‘Acceptance Of The Absurd’). On note aussi une grosse influence Metallica sur certains riffs même si la production n’a pas la puissance de celle du groupe de thrash metal (‘Locus Of Control’, ‘Horns Of Dilemma’).
Globalement, l’approche retenue est directe, l’accent est placé sur les riffs, avec une influence punk notable dans l’interprétation. Mais le résultat est si direct qu’il manque parfois de quelques petites respirations ou d’intermèdes qui permettraient de recharger les batteries. Pourtant, le groupe sait bien le faire comme sur le dernier titre instrumental, ‘I Was The Traveler’ et ses claviers épiques sous-jacents, mettant la mélodie sur le devant de la scène.
Impossible de ne pas évoquer derrière le pseudonyme de Chest Rockwell la polyvalence d’un homme nommé Josh Hines. A l’instar d’un one-man band, le musicien a décidément plus d’une corde à son arc puisqu’il gère l’intégralité de la chaîne de production : le concept, les paroles, la composition, les arrangements, l’enregistrement, le mixage et le mastering en plus d'être l'unique interprète de tous les instruments en studio !
Une polyvalence qui s’avère être un atout décisif, mais qui présente tout de même certaines limites, la principale étant la pauvreté de la production de cet album qui sonne plus comme une démo que comme un produit fini. Aujourd’hui, la qualité sonique d’un album est devenue une condition sine qua non pour l'apprécier à sa juste valeur, de surcroît lorsque l’artiste se définit lui-même comme appartenant à la scène progressive. Il est vrai que le genre stoner/garage joue souvent la carte d’une production un peu crade, caractère mis en avant par le fuzz des guitares, mais ce manque de définition empêche les compositions de prendre tout leur sens.
En déléguant certaines tâches et en les perfectionnant, nous pouvons espérer voir la musique de Chest Rockwell décoller grâce à une meilleure production notamment, qui permettait de mettre en valeur l’ensemble, car les qualités de composition, elles, sont bien présentes.