Fidéle à sa vocation et à son credo, DixieFrog continue de signer des talents du blues de tous horizons, pour le plus grand bonheur des aficionados. Cette fois-ci, c’est en Italie, du côté de Brescia, que le label français a déniché un duo pour le moins atypique, Superdownhome. Et rien de mieux qu’une compilation pour accueillir les Lombards au sein de leur nouvelle famille. "No Balls, No Blues Chips" est donc un best-of des meilleurs titres parus sur les quatre albums qu’ils ont sortis depuis 2016.
A l’heure du tout numérique et des productions léchées jusque dans les moindres recoins, Beppe Facchetti et Henry Sauda font presque figure de résistants. Leur truc à eux, c’est le minimalisme. Une grosse caisse, une caisse claire et une cymbale pour l’un, une cigare box et un diddley bow pour l’autre, et en avant la musique. Pas besoin de plus pour jouer du blues, et ce n’est pas leur principal héros, Seasick Steve, qui dira le contraire. Retour aux racines, aux champs de coton et au blues des origines. Du moins dans l’esprit. Parce que dans la lettre, forcément, près d’un siècle s’est écoulé depuis que Robert Johnson a vendu son âme au diable. Et entre temps, les guitaristes ont inventé la saturation. Si beaucoup qualifieront la musique du duo de blues rural, nous préférerons, quant à nous, lui attribuer l’étiquette de blues garage, eu égard à cette saturation sourde, souvent à la limite du fuzz, présente sur tous les morceaux.
C’est bien cet esprit garage (qui rappelle plus d’une fois le Jon Spencer Blues Explosion) qui fait tout le charme de la musique de Superdownhome, notamment sur les excellentes reprises de ‘I’m Your Hoochie Coochie Man’ de Willie Dixon, de ‘Homework’ de Otis Rush, de ‘Kick Out The Jams’ des MC5 et surtout de ‘Stop Breaking Down Blues’ de Robert Johnson, remanié à la sauce ZZ Top, sur lequel Popa Chubby vient poser sa guitare. Il est d’ailleurs permis de se demander si ce n’est pas lorsqu’ils reprennent de vieux standards que les Italiens ne sont pas les meilleurs. Car même si des titres comme ’24 Days’ ou ‘Long Time Blues’ tiennent la route, d’autres sont nettement moins inspirés (‘Bad Nature’, ‘I’m Broke’ et sa référence aux Black Keys) quand ils ne sont pas tout simplement des reprises déguisées. C’est notamment le cas de ‘Booze Bloodhound’ qui ressemble quand même beaucoup au ‘Got My Mojo Working’ de Muddy Waters.
Quoi qu’il en soit, "No Balls, No Blues Chips" est une excellente porte d’entrée pour découvrir la musique de Superdownhome. Si le blues des Italiens n’a rien de transcendant, l’esprit garage avec lequel il est exécuté est suffisamment original pour le rendre frais et sympathique.