CROWN : The End Of All Things (POST ROCK) : avis / chronique à lire sur Music Waves

CROWN est avant tout le projet de Stéphane Azam, créé il y a un peu plus de 10 ans. Cette entité pouvait être vue à l'origine comme une sorte de collectif collectionnant les collaborations et invités un peu à la manière d'Archive. Le précédent album, "Natron", voyait par exemple intervenir Neige (Alcest), Michel Eikenaar (Nihil - Dodecahedron) ou Kvost (Grave Pleasure) pour lui insuffler une noirceur ambiante entre hurlements et chant mélancolique. Conscient de ses possibilités vocales, encouragé en ce sens par David Husser (synthétiseurs, guitares) qui était précédemment à la production et au mixage, le collectif s'est mué en groupe pour la réalisation de "The End Of All Things".

Si "Natron" étirait certains morceaux jusqu'à 9 minutes, ce nouvel album en prend le contrepied en proposant des titres plus courts afin d'être plus efficaces. Le disque gagne en sophistication avec un travail important sur le son et des ambiances plus réfléchies qu'à l'accoutumée, mettant en avant la voix de Stéphane qui était auparavant presque cachée derrière l'instrumentation, peut-être par manque de confiance.

Si la part d'électronique et d'indus (Nine Inch Nails) reste présente, elle se trouve équilibrée par des instants plus organiques, avec des guitares acoustiques et arpégées ('Fleuve') lui apportant un côté plus chaleureux et une forme d'humanité. 'Violence' prend ainsi un aspect différent de ce qu'on pouvait attendre à la lecture du titre avec une progression insidieuse (comme la violence peut l'être parfois), plus contenue entre des couplets graves et un refrain lumineux où Stéphane fait preuve d'un grand talent pour jouer sur les contrastes. Le groupe a l'intelligence de piocher dans différents styles et de tenter des choses pour sortir de sa zone de confort, comme dans 'Neverland' où se mêlent un aspect post rock à la Mono à des atmosphères plus pop sombre à la Blackfield (le chant rappelant un peu celui d'Aviv Geffen).

Comme pour bousculer et tirer l'auditeur de la pesanteur qui teinte "The End Of All Things", le duo propose des titres plus dynamiques à l'image d'un 'Shades' dansant qui renoue avec les hurlements et l'électrique, incarné par des guitares qui tranchent dans le vif ou 'Gallows' qui lorgne vers les années 80 avec sa couleur new wave. CROWN par ce biais offre une musique qui provoque des images et revêt un fort aspect cinématographique. 'Nails' obéit à ce constat avec sa longue introduction samplée pour embrayer sur une thématique à la "Blade Runner" aux couleurs vaguement asiatiques. Dernier contraste, l'album se termine sur une note relativement plus positive avec 'Utopia' où Stéphane s'efface avec élégance au profit de Karin Park (Arabot) qui apporte un peu de lumière avec son chant habité et dont les dernières notes rappellent 'Violence' pour former une boucle temporelle.

L'évolution du groupe n'est pas sans rappeler Klone avec "Le Grand Voyage". En choisissant une fusion entre l'électro, le doom, l'indus et le post rock avec une touche pop, "The End Of All Things" gagne en sophistication et en nuances. Jouant plus sur les oxymores musicaux, entre chaleur organique des instruments (batterie) et froideur conceptuelle et thématique, l'album possède beaucoup de relief et en devient addictif. Décidément la scène française rock et metal offre d'agréables surprises et CROWN en est l'incarnation parfaite.

CROWN

THE END OF ALL THINGS

PELAGIC

POST ROCK