La Pologne est l’autre pays du prog, et le label Lynx Music s’est construit une certaine renommée dans la promotion des musiques néo-progressives. Mais pas que. En cette année 2021, Jasmeno déboule sur nos platines avec une première livrée présentée comme une synthèse entre la pop, la musique électronique et le rock des années 70-80. Le groupe cite parmi ses modèles rien de moins que Depeche Mode, Alphaville, Enigma, Ultravox, mais aussi Tangerine Dream et Pink Floyd.
L’ouverture de ce premier opus se fait sur fond de musique électronique planante, parsemée de quelques spoken word et enluminée d’une guitare à la réverb savamment dosée distillant des mélodies au phrasé plutôt classieux. ‘Daydreams’ va poursuivre dans cette voie, l’electro se faisant répétitif tandis que le chant vient rappeler un certain Dave Gahan (Depeche Mode). Deux titres de bonne facture pour entamer les débats, et qui respectent plutôt bien le cahier des charges initial.
Malheureusement, au fil des morceaux, la qualité va se dégrader : mélodies peu inspirées, sonorités de claviers désuètes (‘Temptation in Vain’), passages bruitistes mêlant batterie programmée et guitare saturée pour servir de support à un chant incantatoire (‘Reptile’), la soupe devient de plus en plus indigeste au fur et à mesure que les (longues) minutes s’égrènent. Le bouquet final est atteint avec ‘Liquid Paradise’, interminable plage quasi-conclusive si l’on excepte l’anecdotique ‘Host in Mono’ qui la suit, au cours de laquelle l’auditeur un tant soit peu alerte aura bien du mal à arriver au bout.
Vouloir rendre hommage aux artistes flamboyants des années 70-80 expose fatalement à la comparaison avec cette époque dorée pour la new-wave, la pop et les musiques électroniques répétitives. Et malheureusement, ce premier album souffre de trop de faiblesses pour que l’on puisse envisager sérieusement de le porter à la hauteur de l’un ou l’autre de ses modèles.