"1984",
le célèbre roman de George Orwell, n’en finit plus d’inspirer les
artistes - dans le rock et la pop, Bowie, Rage Against the Machine ou
Radiohead, entre autres. C’est au tour des Italiens de Karmamoi de
plonger dans cet univers dystopique totalitaire et angoissant, avec un
titre qui porte le nom du lieu où se déroulaient les séances de lavage
de cerveau subies par le héros : "Room 101".
Il
est évidemment difficile de transcrire l’atmosphère paranoïde qui
imprègne le roman : Karmamoi n’y arrive qu’épisodiquement, notamment
dans le morceau-titre, un peu à part avec son ambiance heurtée. Le
groupe évolue sur la base d’un trio guitare-basse-batterie et fait appel
à des invités pour compléter sa formation : à côté de l’habituée Sara
Rinaldi au micro, les Italiens ont convié Steve Unruh au violon (UPF,
Resistor, Samurai of Prog) et Adam Holzman aux claviers (Steven Wilson),
entre autres.
La
plupart des titres (d'une belle longueur) évolue sur le même schéma : un démarrage en douceur,
quasiment intimiste, sur lequel se pose la voix de Sara Rinaldi (qui
aime chanter doucement et dans les graves, ce qu’elle fait avec une
grande délicatesse), puis une montée en puissance qui s’épanouit en un
bouquet teinté de symphonisme, le tout bien aidé par une belle présence des
claviers et une production à la fois ample et précise. Le rendu rappelle
fortement le travail de Pure Reason Revolution pour le côté
atmosphérique, ou celui d’IO Earth (‘The New World’) pour le versant
symphonique.
Comme
le côté mélodique est fortement présent tout au long de l’album, "Room
101" s’écoute avec plaisir, d’autant qu’aucun passage à vide ne se fait
sentir. ‘Dröp by Dröp’ et ‘Zealous Man’ en constituent les sommets, avec
une impression de flux et de reflux liée aux accalmies succédant aux
envolées, dans un rendu finalement très cinématographique qui laisse une
belle part aux guests (la sensibilité de Steve Unruh sur ‘Dröp by Dröp’, les variations du clavier sur ‘Newspeak’, ironiquement le seul
titre sans paroles). De la belle ouvrage.