La cinquantaine passée et neuf ans après la sortie de "Days Go By", le fan de The Offspring était en droit de se demander si cet opus des Californiens ne serait pas leur dernier. Et pourtant, contre toute attente, les originaires d’Orange County sortent cette année leur dixième album, "Let The Bad Times Roll". L’occasion parfaite pour Todd Morse, nouveau bassiste de la formation, de faire son entrée officiellement dans le groupe, lui qui remplaça le bassiste originel Greg K en 2019.
Alors à quoi s’attendre de la part d’Offspring, près de 40 ans après la création du groupe ? Eh bien tout simplement à du Offspring ! Rien de plus, rien de moins. En une seconde, le premier titre ‘This Is No Utopia’ montre que le mastodonte du punk n’a pas vieilli d’un iota, même si la voix de son chanteur Dexter Holland est forcément un peu plus grave qu’à l’époque. L’énergie d’antan est intacte, on y reconnaît les riffs et la patte du groupe entre mille.
Les morceaux s’enchaînent et s’avèrent être tous aussi bons les uns des autres. Nous y retrouvons quelques ingrédients rappelant le passé, comme le rythme de batterie de ‘Breaking These Bones’ qui ravivera le souvenir de ‘Session’ sur "Ignition" (1992), ou encore l’excellent ‘Hassan Chop’ dont l’intensité rappelle le titre ‘Da Hui’ sur "Splinter" (2003).
Bien sûr, pour un public en quête d’originalité et d’innovation, "Let The Bad Times Roll" n’est pas forcément l’album à recommander. En effet, le quatuor accumule les morceaux efficaces et diablement bien écrits, comme il l’a toujours fait, avec la même réussite qu’à l’époque. Impossible de ne pas prendre son pied sur ‘Behind Your Walls’, à la fois beau et génial, ou sur le refrain sautillant de ‘Coming For You’, par ailleurs déjà sorti en guise de single en 2015 !
Comme souvent, nous retrouvons même un petit grain de folie, avec sûrement LE titre de l’album, ‘We Never Have Sex Anymore’, tout bonnement excellent, qui n’est pas sans rappeler le côté décalé de ‘OC Guns’ sur l’album précédent. La trompette est de retour pour notre plus grand plaisir et le feeling est au rendez-vous pour un cocktail détonnant. Les Américains s’offrent le délire d’enchaîner en reprenant ‘In The Hall Of The Mountain King’ d’Edvard Grieg en une minute à la sauce punk rock, et force est de constater que le résultat est plus que convaincant. Nous y ressentons le plaisir qu’ont les musiciens à se retrouver après toutes ses années, et la fraîcheur des compositions fait plaisir à voir.
The Offspring n’oublient décidément pas leurs racines en fin d’album et dépoussièrent même leur vieux tube ‘Gone Away’ avec une reprise au goût du jour, nous gratifiant là d’une magnifique version piano voix appuyée par un orchestre magnifique. ‘Lullaby’ clôture l’album en reprenant le refrain de "Let The Bad Times Roll" sous un versant plus mélancolique, avec une fin toute en nuances. Le titre relevant plus d’une outro que d’un morceau à part entière, l’album s’achève sur une petite frustration (d’autant plus qu’il ne dure qu’une trentaine de minutes !). Une frustration que l’on espère combler avec un prochain disque, en espérant ne pas avoir à atteindre 9 ans de plus pour l’écouter...
Quoi qu’il en soit, ce dixième opus aurait pu être un retour sentant le coup de marketing à plein nez comme l’ont fait de nombreux groupes légendaires, mais il n’en est rien, fort heureusement ! Sorti 15 ou 20 ans plus tôt, cet album aurait même pu faire partie des meilleures réalisations du groupe. Quand bon nombre de formations aussi anciennes peinent à produire du contenu intéressant au fil des ans, Offspring prouve que malgré son ancienneté, il est encore un leader de la scène. Alors pour ça, merci à eux !