Est-il vraiment nécessaire de présenter Peter Frampton ? Car même les plus jeunes fans de rock connaissent ce formidable guitariste, co-fondateur à seulement 18 ans de Humble Pie à l'aube des seventies, auteur d'un des plus mémorables albums live de l'histoire du rock, "Framption Comes Alive" en 1976, et tous ont déjà entendu 'Show Me The Way' ou 'Do You Feel Like We Do' et s'y sont collés des frissons. La star du classic rock s'est muée ces dernières années en ambassadeur du jazz rock et du blues en en reprenant des standards sur son album 'All Blues' de 2019.
Aujourd'hui, le natif de Beckenham s'attaque a des reprises jazz-blues instrumentales (d'où le titre) de chansons d'artistes allant de Marvin Gaye et Lenny Kravitz à David Bowie et Sly & The Family Stone. Et c'est avec ce dernier que l'album s'ouvre, sur un 'If You Want Me To Stay' funky à souhait sur lequel l'Anglais s'en donne à cœur joie. Il faut dire que l'original de Sly est déjà bien barré. Autre motif de réjouissance de ce début d'album, 'Reckoner' de Radiohead jouit d'un traitement tout en douceur, fidèle à l'esprit des Anglais, et quand vient le solo, la magie de Peter Frampton opère, une douceur envoûtante et un toucher rempli d'émotion.
Paradoxalement 'Are You Going To Go My Way', l'une des plus espérées à la lecture de la set list, déçoit quelque peu. En effet, mise à part l'énergie prenante du morceau, rien ne décolle vraiment et le talentueux guitariste s'en tient à la ligne vocale très répétitive et ne nous propose d'intéressant qu'un riff épais et le solo décalé. Le constat est assez similaire sur un 'Avalon' (Roxy Music) qui tirait toute son essence du timbre suave de Brian Ferry. Au contraire de 'Dreamland' (de la B.O. du film du même nom) où Frampton détache chaque note pour en extraire la mélodie la plus absolue. Même constat pour la très réussie reprise de 'Maybe' moins psyché que celle de Janis Joplin mais tout aussi bluesy.
Enfin, Frampton s'en sort très bien sur 'One More Heartache' de Marvin Gaye, faisant pleurer sa guitare sur la mélodie harmonieuse, ainsi que que sur 'Isn't It A Pity' plus proche de la version de George Harrison que de celle de Nina Simone, avec des guitares très sixties à la Beatles. Il magnifie également 'Losing The Alien', faisant presque oublier la voix de Bowie en sublimant la mélodie et l'incroyable solo de son jeu expressif. En nous rappelant qu'il fut le guitariste de Bowie, il en fait le sommet mélodique de l'album.
Peter Frampton est un immense guitariste au talent inné et au feeling perceptible dans chaque note. Autant dans le choix des titres que dans leur traitement et leur réinterprétation, le septuagénaire prouve qu'il est toujours capable de magnifier tout ce qu'il touche. Il apporte indéniablement sa patte à ces titres parfois méconnus, leur donnant une seconde jeunesse. Pour les amateurs de jazz blues et ceux de guitare au sens large, un plaisir garanti.