Rozedale est avant tout un couple musical formé d’Amandyn Roses (au chant) et Charlie Fabert (guitares). Comme un conte de fées moderne, c'est lors d'un concert à la célèbre école de musique de Nancy il y a quelques années, que la première a un coup de foudre artistique pour le second. Il faut dire que le guitariste possède un pedigree déjà impressionnant notamment par sa collaboration avec Fred Chapellier qui "l'initie" au blues. Au culot, Amadyn prend contact avec le musicien afin de le rencontrer et comme tout conte de fées qui se respecte, ils se marièrent artistiquement et eurent beaucoup d'albums...
Après un premier disque teinté de blues-rock paru en 2017 bien accueilli par le public et la critique ("Long Way To Go"), le groupe s'est remis en ordre de bataille en muant en Rozedale avec un "Z" comme "zen" pour un disque qui en revendique le terme. "Rozedale" est donc moins orienté guitare comme pouvait l'être le précédent album même si parfois elle sait tirer la couverture à elle comme dans 'Burning' avec un solo de Louis Bertignac en invité de luxe. L'album apparaît ainsi plus équilibré, comme si le groupe avait envie de redistribuer les rôles entre la musique et la voix caméléon d'Amandyn.
La chanteuse fait preuve de l'étendue de ses talents dans des registres variés comme la ballade intime électro-acoustique 'Somewhere In The Mess' qui clôture l'album. Amandyn sait également être énergique et lumineuse ('Shine') et faire preuve d'une belle maîtrise. Parfois cette variété se retrouve dans un même titre ('Where Love Goes (Heartache Follows)') atténuant l'aspect linéaire de certaines chansons. Si l'écrin est idéal pour parler d'amour et de relations humaines, le groupe s'offre une petite incursion dans la chanson "sociale" avec le seul titre interprété en français, écrit par Cali, 'Ce Soir je t'aime' au dynamisme rock et au fort potentiel live.
Avec une orientation plus pop, Rozedale affirme sa volonté de se renouveler et de ne pas se laisser enfermer dans une catégorie. Ce nouvel album est dans son ensemble très bien maîtrisé et offre des mélodies qui sont facilement mémorisables et immédiates. Il souffre peut-être d'une trop grande maîtrise, laissant peu de place à quelques moments imparfaits ou spontanés comme peut en offrir le blues, ce qui aurait permis de gagner en relief. Toutefois, il ne faut pas faire la fine bouche et saluer ce plaisir fugace que constitue l'écoute de "Rozedale" comme celui que l'on pouvait ressentir à l'époque de la sortie d'albums pop-rock de qualité qui se font de plus en plus rares de nos jours.