The Wring est la création du guitariste Don Dewulf qui a formé un groupe avec quelques musiciens de son entourage pour jouer son premier album sorti en 2017. La dissolution du groupe et une discussion avec Mikael Akerfeldt l’ont convaincu de poursuivre l’aventure seul en engageant des musiciens de session renommés. Il a su motiver les pointures, par sa musique et pas uniquement par les dollars qu’il a payés, en recrutant Bryan Beller (Joe Satriani, The Aristocrats, Steve Vai) à la basse (qui est passé devant Stu Hamm d’une courte tête), Thomas Lang (Robert Fripp, Peter Gabriel) à la batterie et Marc Bonilla (Keith Emerson Band, Glenn Hughes) au chant.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que les aspects rythmiques sont fortement représentés. Une approche à la fois portée par le groove (‘Sorceress’, ‘Dose’, ‘The Light’) et qui verse facilement dans la virtuosité et le foisonnement (‘The Light’, ‘Steelier’), mais avec de tels profils à la basse et à la batterie, on ne peut pas en vouloir à Don de leur laisser une place importante. C’est en tout cas une base polyvalente sur laquelle peut s’articuler toute la diversité des compositions de The Wring. "The Wring² Project Cipher" est d’essence metal progressive, on retrouve d’ailleurs des influences provenant de Fates Warning (‘The Light’, ‘Steelier’ clin d’œil à Steely Dan) et Rush (‘Dose’, ‘The Touch’), sur lesquelles The Wring ajoute toute une palette de teintes et de styles variés, ou même parfois un petit détail qui influe notablement sur le résultat final.
L’originalité de The Wring réside dans ces mariages que Ron Dewulf s’autorise dans le cadre de ce court album qui se présente comme un formidable terrain de jeu pour ses propres expériences. Véritable gymnaste du metal moderne, Don Dewulf ose d’audacieux écarts en incorporant à son metal progressif américain des origines, ici une touche de groove vivifiant (‘The Light’), là une progression jazz (‘Steelier’). Le guitariste excelle dans les formats immédiats et irrésistiblement mélodiques (‘Dose’, ‘The Touch’) comme dans l’exigence de l’instrumental qui transpire la virilité stoner et la touffeur sludge (‘Cipher’). Le heavy classique a aussi ses faveurs, de par l’efficacité de ses riffs et ses charmes mélodiques (‘Dissension’ et ses refrains typés AOR) et grâce à sa nature plastique qui permet les variantes chatoyantes de funk (l’accrocheur ‘Sorceress’ qui rappelle The Dead Daisies).
The Wring est une découverte rafraichissante qui offre une lecture personnelle du metal moderne. Don Dewulf a su fédérer autour de lui un groupe de studio totalement impliqué dont on a déjà cité la section rythmique mais il faudrait rendre aussi hommage aux très bonnes prestations du chanteur Marc Bonilla. The Wring est un projet à suivre de près, dont on attend avec intérêt de nouveaux morceaux prochainement. En espérant par la même occasion que le groupe se pérennise dans son intégralité...