1975, Van Der Graaf Generator vient de sortir l’album « Godbluff ». Les sessions d’enregistrement ont été fructueuses et le groupe se retrouve avec deux compositions qui n’ont pas trouvé place sur celui-ci. C’est décidé, ils se mettent à travailler sur son successeur et c’est donc peu de temps après, durant l’année 1976, que déboule dans les bacs « Still Life ». L’age d’or de la musique « prog » est en passe de se terminer et Van Der Graaf Generator vient pourtant de livrer un album exceptionnel qui n’a (à l’instar du groupe) jamais eu la reconnaissance qu’il méritait.
Pourtant, tout était là ! A commencer par le titre éponyme, « Still Life », véritable pépite !! Peter Hammill y est totalement bluffant de maîtrise, passant de la douceur à une furie à peine contenue avec une telle facilité. Il m’arrache même quelques frissons sur la première partie bien aidé en cela par l’orgue de Banton rajoutant à l’aspect solennel de sa complainte. Bref, un très grand moment et un de mes titres préférés de VDGG.
Ce n’est pas tout, « Pilgrims », peut être moins remarquable à première vue, n’en est pas moins enthousiasmant. Le chant d’Hammill, plus léger au premier abord se permet quelques incursions décidées du côté plus sombre, et c’est sur cette dualité constante qu’est bâtie ce morceau. Mention spéciale au refrain fantastique sur lequel il est difficile de ne pas taper du pied tout en s’époumonant comme un damné (c’est du vécu !!) Du grand art !!
« La Rossa », considéré comme un des classiques du groupe, est le morceau le plus difficile d’accès de ce « Still Life ». Les lignes mélodiques sont nettement plus complexes. Pour le reste, on y retrouve les ingrédients caractéristiques du groupe, un Jackson au saxophone pour quelques interventions, un Banton avec son orgue et enfin un Guy Evans irréprochable (j’avoue beaucoup aimer son jeu de batterie). Un titre que j’apprécie un peu moins bien que sa qualité musicale intrinsèque soit indéniable.
Une petite pause avec l’infiniment plus léger « My Room (Waiting For Wonderland) », titre qui bien que moins sombre n’en est pas moins de grande qualité. David Jackson prend le dessus bien accompagné par un gros travail de la section rythmique et par un piano de grande classe ! Du tout bon !
Pour finir ce « Still Life », le groupe a eu la délicate attention de nous offrir « Childlike Faith In Childhood's End », titre le plus long de l’album. Un morceau de choix pour le dessert donc car ce dernier se rapproche de « Pilgrims » dans son approche mélodique tout en offrant une facette moins aisée (notamment par l’utilisation de quelques parties free jazz bien déroutantes). Là encore, les mélodies font mouche ! Et c’est avec grand regret que le disque se termine… Pas forcément, car signalons au passage que l’édition remasterisée ajoute à cette track-list le titre « Gog » interprété en live.
Cinq titres sur lesquels les années n’ont rien pu faire. « Still Life » reste trente ans après sa sortie, un album majeur de Van Der Graaf Generator, le plus accessible (bien qu’il soit clairement entendu que VDGG n’a jamais été accessible), et celui par lequel je conseille de commencer pour découvrir ce fabuleux groupe. Indispensable à toute discothèque prog qui se respecte !!