Save The World a sorti son premier opus dénommé "One" en 2017. Ce combo américain a été créé par Dan Tracey et Robert Wright, auteurs-compositeurs et multi-instrumentistes. Le premier, connu pour ses compositions télévisuelles et cinématographiques, tient le micro au sein d’Alan Parson Live Project. Le second a remporté à plusieurs reprises le Bilboard Country Album. Le duo s’est adjoint les services de Jon Wysocki, batteur du groupe de metal alternatif Staind. Le trio nous propose aujourd’hui "Two", leur second album, il opère dans le registre de l'AOR, légèrement teinté de progressif.
"Two" adopte un ton résolument moderne. Les compositions sont marquées par une richesse mélodique remarquable et perclus de chœurs particulièrement bien sentis. L’écriture est rafraichissante et dynamique. Bien que Tracey voue une admiration certaine pour Boston, il assure ne pas souhaiter que Save The World soit vampirisé par une seule influence, ni ne s’enferre dans un genre musical particulier. Lui et Wright sont en effet inspirés par énormément d’artistes différents.
Et autant dire que cet éclectisme s’entend avec évidence à l’écoute de leur œuvre. Ainsi l’enlevé 'Camera Obscura', fort progressif, rappelle avec évidence les Suédois d'A.C.T., les Américains de Cheap Trick ne sont pas loin sur le syncopé 'Bones' et 'Miss Muse' particulièrement addictif n’aurait pas été renié par Mark Spiro, chantre de l’AOR ricain. La valse des influences se poursuit avec le chaloupé 'When Amanda Hits the Stage' hanté par l’ombre de Toto, 'Man On An Island', un hommage à Brad Delp, l’ancien frontman de Boston, la divine ballade 'Longer' que n’auraient renié ni REO Speedwagon, ni Christopher Cross, le rythmé 'Denslow Park' très Rick Springfield dans l’âme et 'Automaton' où le fantôme du chanteur pop-rock américain croise le fer avec ceux d’ELO et d’Alan Parson Project.
Evoquer toutes ces inspirations nous amènerait presque à oublier le titre phare de l’opus, 'Defender Of The Faith'. Ce morceau haut en couleurs, doté d’une mélodie mémorable, développe une énergie communicative tout au long d’une structure variant les ambiances et nous offre riffs tenaces, jeu de batterie notable et solo inspiré. Hommage à la 24ème unité de l’armée américaine à laquelle appartenait un camarade de classe de Tracey décédé sous les drapeaux durant la guerre d’Afghanistan, ce morceau est le mur porteur de cette œuvre.
Save The World nous propose avec ce "Two" un album cohérent malgré ses nombreuses influences. La qualité d’écriture y est pour beaucoup, tout comme la sensibilité débordante des musiciens. Sachant que techniquement les trois partenaires tiennent sacrément la route, il n’en faut pas plus pour assurer que ce disque mérite de ne pas passer inaperçu, notamment chez les amateurs d’AOR et de hard rock mélodique.