Il est incroyable de constater le nombre de projets qui ont pu voir le jour pendant le confinement lors de la crise de la Covid 19. Et lorsqu’un hyperactif du genre de Biff Byford se retrouve enfermé, il ne faut pas s’étonner qu’il trouve un dérivatif. Autant dire que lorsque son fils, Seb Byford, lance l’idée de monter un groupe dans lequel son géniteur pourrait tenir la basse et partager le chant avec lui, le frontman de Saxon n’hésite pas une seconde. C’est ainsi que nait Heavy Water, formation au sein de laquelle les Byford sont épaulés par Tom Witts à la batterie et par Dave Kemp aux claviers et au saxophone.
Mais ne vous attendez pas à un opus de ce heavy metal mélodique auquel Biff et sa bande nous ont habitués depuis plus de quatre décennies car vous risqueriez d’être sérieusement déçus. Avec "Red Brick City", c’est dans un alliage mélangeant des racines plongées dans les années 70 et un intérêt certain pour le grunge que la paire fils/père a décidé d’œuvrer pour un résultat qui pourra laisser l’auditeur hésitant. En effet, alors que Heavy Water nous assène une première salve de titres lourds et sombres dont les riffs peuvent se faire telluriques et nous plonger dans une noirceur sabbathienne (‘Turn To Black’ et sa redoutable accélération finale), la fin de l’album bascule curieusement vers un rock popisant dont les forts effluves 70’s sont le seul lien évident avec la première partie des morceaux proposés.
Les adeptes de puissance se régaleront ainsi d’un ‘Salvation’ tout en tension et au refrain imparable, ou d’un éponyme sur lequel plane l’ombre de Soundgarden pour un résultat hypnotique. Ceux préférant un peu de légèreté apprécieront de se plonger dans la douceur harmonieuse d’un ‘Follow This Moment’ doté d’un surprenant solo de saxophone, ou dégusteront le bluesy et apaisé ‘Now I’m Home’. En revanche, il faudra s’accrocher pour basculer de l’une à l’autre des faces qui auraient pu être celles d’un vinyle tant il y a peu de corrélations entre des pièces qui ne semblent avoir en commun que la période dont elles s’inspirent et les voix de leurs interprètes.
Pour autant, "Red Brick City" n’en est pas moins un opus attachant dont les compositions se révèlent d’une belle richesse. L’énergie du fils s’allie à l’expérience du père pour traduire les inquiétudes et ressentiments nés de la période trouble que la planète a eu à traverser en 2020. Il reste néanmoins à rendre tout ceci plus cohérent pour qu’une prochaine livraison discographique puisse installer la petite entreprise familiale plus clairement au sein du paysage musical.