Ophidian I,groupe Islandais de death technique à la musique pleine d’une énergie dévastatrice, a produit une démo en 2011 et un album (“Solvet Saeclum”) en 2012. Ce premier disque bien accueilli a soulevé parfois quelques réserves : le groupe, qui laissait entrevoir de belles choses, avait du chemin à parcourir pour égaler les pointures du genre (Deeds Of Flesh, Spawn Of Possession ou Obscura). Après neuf années, il publie un second album “Desolate” qui allie complexité, mélodies atypiques, brutalité et constructions progressives.
La puissance et la violence sont les piliers de cette terre dévastée. ‘Spiral To Oblivion’ s’appuie ainsi sur un rythme pesant, quasiment mortuaire et des harmonies effrayantes, alors que ’Storm Aglow’ est secoué de blasts titanesques. La violence est encore plus vicieuse lorsque les musiciens laissent de côté la technique pour des structures directes ou la six-cordes solitaire est un véritable scalpel (‘Dominion Eyes’). Pour contrebalancer cet afflux, les mélodies étranges et fragiles sont omniprésentes : ‘Diamonds’ se construit autour de riffs syncopés et de lignes de guitare rappelant Atlantis Chronicles, ‘Wither On The Vine’ débute par des nappes synthétiques mystérieuses soutenant une superbe guitare. 'Captive Infinity’ délaisse les artifices death au profit d’une introduction acoustique. Le disque arrive ainsi à trouver un équilibre entre puissance dévastatrice, technique et mélodies complexes (‘Diamonds’).
Les pistes sont de minuscules symphonies macabres aux multiples ramifications : accélérations, ralentissements, variations, syncopes, mélodies foisonnantes, harmonies alambiquées et superbes guitares (’Unfurling The Crescent Moon’, ‘Captive Infinity’). Le progressif nourrit le disque et habite chacun des titres, il n’est donc pas étonnant que ‘Enslaved In A Desolate Swarm’ rappelle un Dream Theater sombre, désespéré et survitaminé.
Voilà un disque extrêmement bien écrit, qui conserve sa part d'animalité et de puissance, car la technique y est au service de l’émotion et de la brutalité. “Desolate” est une œuvre intéressante à défaut d’être surprenante. Car même si elle est compacte et éclairée de mélodies subtiles, elle manque parfois d’un grain de folie lui permettant de surpasser ses aînés.