"Ennemis" traduit donc le constat de ces trois années écoulées depuis "Frankenstein". Le témoignage demeure irrémédiablement frondeur. No One Is Innocent reste indomptable, un animal sauvage qui n’a de cesse d’être conscient et touché par ce qui l’entoure. Si le groupe enfonce souvent des portes ouvertes dénonçant la politique déconnectée des réalités parce que pratiquée par des gens issus du sérail ('La Caste’) ou les violences policières (‘Forces du Désordre’) ainsi que le buzz recherché par BFM et autres CNEWS (‘Les Hyènes de l’Info’), c’est pour mieux affirmer son parti-pris d’être au côté des opprimés. No One Is Innocent, usant de la force brutale du rock presque metal, encourage à ne pas lâcher le combat avec des riffs toujours aussi rageurs sans pour autant que le groupe n’endosse le rôle de messager.

La thématique est immuable avec des textes pleins de fiel, mais No One Is Innocent ne se contente pas de faire musicalement du "sur place". Aidé en ce sens par Charles de Schutter, le groupe perpétue sa quête vers une musique plus riche d’album en album. Dans "Ennemis", si la base reste rock aux limites du metal, rassurant ainsi les fans de toujours, les moments instrumentaux et de variétés (dans le sens originel du mot) sont légion : l’introduction tribale de ‘Forces du Désordre’ rappelle un peu Tool, le mélodique ‘Armistice’ surprend avec son côté mélancolique accentué par l’acoustique et les cordes tout en étant marqué par l’absence totale de chant, l’audace de la rythmique et des sons de guitares de ‘Polit Blitzkrieg’, l’ambiance oppressive instaurée et ressentie à l’écoute de ‘Bulldozer’ sont autant d’exemples de cette recherche perpétuelle. En ce sens, le groupe confirme qu’il n’est pas là pour prendre en main les auditeurs. Au contraire, avec cette démarche, No One Is Innocent les laisse libres de leur façon de penser et de ressentir les choses. Eveiller plutôt que convaincre serait le credo de No One Is Innocent.