Destinity est un groupe français né en 1996, qui compose un death mâtiné de thrash à la manière d'Arch Enemy. Il a publié neuf albums qui ont souvent été bien accueillis, même si certaines critiques reprochaient une similitude avec Dark Tranquillity (ce qui peut aussi sonner comme un compliment). Et même si "Resolve In Crimson" -sorti en 2012- était de très bonne facture, même si Stéphane Buriez (Loudblast) et Pierre Le Pape (Embryonic Cells, Seth, Melted Space) y étaient invités, il semblait parfois manquer d’originalité. Après un long silence de neuf années, le groupe publie "In Continuum", un disque qui, espérons-le, sera un changement dans la continuité, une rupture du continuum espace-temps... Continuum ou rupture des genres et des barrières qui habitent le disque, puisqu'il mêle death mélodique et un penchant pour les pièces ambitieuses. L'espace-temps ou le temps sont le thème du disque, depuis sa pochette et son titre, jusqu'aux thèmes des chansons.
Les pistes sont agréables à écouter par leur mise en place impeccable, le chant de qualité et les guitares irréprochables (‘Shadows’ est digne d'Omnium Gatherum). Mais l’impression d’écouter Dark Tranquillity (période "The Gallery") et par voie de conséquence Insomnium est toujours présente. Ainsi dès les premières secondes de ‘The Sand Remains’, c’est la patte des Suédois que l’on reconnaît ou celle d'Arch Enemy grâce à un brin de thrash supplémentaire (‘Reject the Deceit’).
Au fil de l’écoute le groupe semble vouloir s’émanciper de ces modèles, étirer ses compositions en y greffant des ramifications, bref en y ajoutant des éléments progressifs. Ainsi 'Salvation', la longue et dernière pièce pleine de variations débute en douceur avec une mélodie chatoyante, puis le rythme fluctue, s'intensifie ou se clame, passe du simple au blast virulent. 'Shadows' introduit aussi ces éléments symphonico-progressifs, puisque le temps d’un ralentissement il construit un passage aérien de piano simple et limpide.
"In Continuum" est un bel album de death mélodique aux couleurs variées, ressemblant certes à Dark Tranquillity ou Insomnium, mais ses chansons de grande qualité peuvent rivaliser avec ces derniers. Espérons que la porte progressive entrebâillée par les musiciens béera sur leurs prochaines productions, car elle leur va comme un gant.