Frontiers est passé maître dans l'art de mettre ou remettre sur les rails des groupes au savoir-faire éprouvé mais qui n'ont plus, contrairement aux années 80/90, le soutien de majors prêtent à investir massivement dans la promotion de leur musique. Les efforts du label sont louables car nous avons ainsi pu découvrir récemment des perles comme Pride Of Lions, Blanc Faces, et voir renaître les Survivor, Thunder, Journey ou Talisman entre autres.
Aujourd'hui, c'est au tour de Cosmo de bénéficier de ce support. Cosmo est le nom du groupe, mais c'est aussi le nom des deux membres fondateurs, les frères Fran et Antonio, qui après plus de 20 ans de carrière menée au sein de plusieurs groupes de rock américains (Orion The Hunter, Boston) viennent de faire aboutir ce projet commun, et vu le passé des deux protagonistes, j'avoue que j'étais impatient d'écouter cette nouvelle galette.
Surprise ! C'est une évidence dès la première note, "Alien" n'a musicalement rien à voir avec le classic-rock développé par le géant américain Boston, et dès "Communication", c'est un décor franchement modern rock qui est planté. Les fans qui attendaient un Boston bis seront avisés de passer leur chemin : guitares hyper saturées, voix truffées d'effets, ça démarre sur les chapeaux de roues et, si l'on apprécie ce style, force est de constater que cette première prestation est plutôt réussie.
Globalement, 2/3 de l'album s'inscrit dans cette veine musicale qui se veut actuelle (cf Attraction 65) et qui vise probablement à toucher un plus large (plus jeune ?) public. Malheureusement, tous les titres ne sont pas du même tonneau et usant systématiquement des mêmes recettes, le groupe donne vite l'impression de se répéter. Deux morceaux tiennent la route : "No Surprise" qui présente un contraste original entre guitares agressives et lignes de chant mélodiques, notamment sur les refrains et "When I Close My Eyes", un tempo lent qui fait la part belle à l'émotion, délicatement agrémenté d'une guitare acoustique qui enrichit positivement l'univers sonore de ce titre.
"Alien" renferme également quelques compositions plus classiques, aux références diverses. Avec "Don't Tell Me Your Lies", un morceau qui sera repris en version acoustique en fin de CD, le chant se fait plus doux et dans ce registre soft, moins forcé, et Fran Cosmo est à son aise. Cette ballade est bien construite, démarre très calmement pour s'envoler progressivement et atteindre un sommet d'intensité sur les refrains. Un bon morceau qui, du coup, se retrouve en version double ! Enfin, avec "Helicopter" et "Can't Run Away", c'est du côté pop/rock mélodique que s'oriente le groupe, le son et les mélodies de ce dernier titre rappelant ce qu'avait pu produire le grand Blue Oyster Cult à la fin des 70's/début 80's.
En fin de compte, ce patchwork musical, dont on aurait pu saluer la diversité, présente surtout ici l'inconvénient de manquer de constance et de cohésion. Le bon côtoie le moins bon ce qui laisse finalement l'auditeur sur sa faim. Avec ce premier essai, Cosmo ne décolle que par intermittence, ce qui n'est pas suffisant pour capter durablement l'attention et fera de cet opus un ovni de notre discothèque. Mais tout n'est pas perdu pour autant ! Le groupe a des atouts : Tout d'abord, un sens de la mélodie qui apporte toujours un petit plus aux morceaux. Ensuite, il faut reconnaitre à Fran Cosmo un beau timbre de voix mais il gagnerait probablement à s'exprimer dans un contexte plus naturel. A cet égard, des titres comme "Don't Tell Me Your Lies" ou "When I Close My Eyes" pourraient représenter la voie à suivre à l'avenir...