BILLY GIBBONS: Hardware (ROCK) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Depuis 2012 et le très bon "La Futura", ZZ Top se contente de tourner tranquillement sans offrir de nouvel album à ses fans. Pourtant, pendant que ses compères semblent se la couler douce, Billy Gibbons se la joue en solo et "Hardware" est déjà son troisième opus depuis le sympathique "Perfectamundo" (2015). Après les expérimentations latinos de son prédécesseur, "The Big Bad Blues"(2018) s'était recentré sur un blues-rock plus traditionnel avec une efficacité sans faille à défaut d'être original. Hommage à Joe Hardy, ingénieur du son historique de ZZ Top décédé en 2019, "Hardware" voit son géniteur assumer pleinement son identité avec une pochette remettant à l'honneur le coupé Ford du légendaire "Eliminator" (1983).

Propulsé par la frappe monumentale de Matt Sorum (Guns N'Roses, Velvet Revolver, The Cult, Slash's Snakepit, Johnny Crash…), 'My Lucky Card' confirme la démarche en alliant groove et puissance pour un résultat imparable digne du trio texan. L'ombre de ce dernier plane également avec insistance sur un 'She's On Fire' qui fait appuyer sur l'accélérateur du pied droit et taper du pied gauche en même temps. 'More-More-More' et l'imprononçable 'S.G.L.M.B.B.R.' représentent la face la plus moderne et hard rock de la discographie des trois barbus pendant que 'I Was A Highway' privilégie la simplicité et l'efficacité. Plus surprenant, 'Spanish Fly' offre un desert blues éthéré et psychédélique avec des guitares déstructurées et une rythmique à la fois tribale et hypnotique, tout en ressemblant à un remix lancinant du 'Cherry Red' de "Antenna" (1994).

Mais résumer "Hardware" à un simple nouvel opus de ZZ Top sans Dusty Hill ni Franck Beard serait simpliste et plutôt éloigné de la réalité. Car si Billy Gibbons est forcément marqué par l'identité de sa formation d'origine, il possède suffisamment de caractère pour offrir un opus avec une personnalité affirmée. La preuve en est avec la ballade 'Vagabond Man' qui n'est pas sans rappeler que le bonhomme a été découvert par un certain Jimi Hendrix, offrant au passage un solo déchirant et suintant le feeling de chacune de ses notes. De son côté, le rafraichissant 'West Coast Junkie' se la joue surfbilly avec ses effluves dignes des Stray Cats et ses soli enflammés. Quant à 'Desert High', il convoque tous les fantômes du désert au milieu de ses brumes de chaleur. Monologue parlé sur fond de guitares plaintives, il clôt l'aventure sous la forme d'un road trip envoûtant. Nous n'oublierons pas non plus de citer le rutilant 'Stackin' Bones' renforcé par les chœurs des sœurs Lovell (Larkin Poe), ainsi que la reprise du 'Hey Baby, Que Paso' des Texas Tornados qui apporte une indispensable touche latino et festive.

En équilibre entre tradition ZZTopienne et expérimentations personnelles, "Hardware" permet à Billy Gibbons de satisfaire l'attente des fans du trio texan tout en continuant à explorer toutes les facettes d'un rock sudiste aux influences ouvertes sur le monde. Voilà un opus parfaitement taillé pour être la bande-son d'un été ensoleillé au volant d'une décapotable s'élançant le long des routes longeant les côtes. Garant d'une histoire sudiste qui n'hésite pas à intégrer de nouveaux éléments, le légendaire guitariste-chanteur confirme sa place au panthéon du genre.

BILLY GIBBONS

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