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"Marqué par la présence d'outre-tombe de son claviériste iconique, le nouvel album des Stranglers nous invite à parcourir un univers sombre qui n'est pourtant pas dédaigné par la lumière."
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4/5
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Le 3 mai 2020,
Dave Greenfield le sorcier des claviers tirait sa révérence. Ce grand architecte du son des Stranglers, qui avait donné ses lettres de noblesse aux claviers dans un groupe de rock, n'était plus. Alors que les quatre Etrangleurs étaient plongés en plein enregistrement, sa disparition semblait sonner le glas du groupe. Jean-Jacques Burnel, devenu le dernier des membres originels encore actif (Jet Black avait pris sa retraite après un AVC, remplacé par Jim Macaulay), aurait pu mettre sous scellés cette formation pas comme les autres que les médias n'ont jamais véritablement respecté. Mais après avoir fait son deuil, le bassiste a décidé de poursuivre sa mission, tout d'abord en complétant l'enregistrement de l'album puis en allant le défendre sur scène en hommage à Dave.
"Dark Matters", un nom d'album qui sent le soufre. La pochette lugubre fait écho aux pendus de "Giants" en
montrant quatre Moaïs de l'ile de Pâques. S'il est possible de relier cette ambiance sombre à l'absence définitive de Dave, il ne faut pas oublier que les Stranglers ont toujours cultivé des fleurs des ténèbres - on ne les appelait pas les hommes en noir pour rien ! Dave Greenfield est présent sur huit des onze chansons, comme si son jeu étincelant de claviers nous parvenait maintenant d'outre-tombe. Parmi les trois autres chansons figure l'hommage direct 'And If You Should See Dave', sorti également en single. Un morceau assez calme sur lequel Jean-Jacques Burnel pose sa voix chaleureuse et salue la mémoire du claviériste. Le titre est dépourvu de claviers mais avec un esprit complice, le bassiste chante : “C'est là qu'il devrait y avoir ton solo”. Un clip a même été tourné, mettant en avant la passion des voitures de Dave Greenfield avec quelques références aux Stranglers (les rats, le Regent Theater à Los Angeles, lieu de l'ultime concert de Dave, une ambiance proche du clip de 'All Roads Lead To Rome'...).
Il serait toutefois erroné de n'écouter cet album que sous l'angle unique de la mort de Dave Greenfield, car celui-ci est présent sur la quasi-totalité de l'enregistrement. Neuf ans après "Giants", les Stranglers prouvent paradoxalement que l'unité du groupe est bien intacte dès le premier morceau. Ainsi sur 'Water', chacun des
instruments fait son entrée en scène à la suite des autres pour déboucher sur
des accords rock entraînants avant de lâcher la bride. Le groupe trouve un équilibre entre éléments du passé et modernité. En témoigne ainsi 'If Something's Gonna Kill Me (It Might As Well Be Love)' avec son clavecin, qui esquisse une valse avant qu'un son électronique ne prenne le relais. Comme aux grandes heures, 'Payday' met en avant la basse fulminante de Jean-Jacques Burnel. 'No Man's Land' marqué par ses couplets acides et ses refrains fédérateurs laisse soudain le champ libre à Dave pour un solo de claviers expérimental et orgasmique qui rappelle celui de 'Nice In Sleazy'. 'White Stallion' est renforcé par quelques violons et une voix de cantatrice pour un effet épique garanti. The Stranglers peuvent compter sur leurs deux chanteurs complémentaires, le chant étant partagé entre un Jean-Jacques Burnel rageur et froid tandis que la voix de Baz Warne, le guitariste, est plus agressive, en somme l'union de la glace et du feu. L'album n'a pas de véritable tube, chacun des morceaux fonctionnant comme des pièces de puzzle et aucun - à part peut-être l'hommage à Dave - ne pouvant en être isolé.
La propension du groupe à nous surprendre est toujours d'actualité : deux curiosités notables qui détonnent avec les ténèbres sont à remarquer. La première, 'The Lines', une
chanson intimiste assez touchante où le bassiste se livre à nu dans une réflexion sur les effets du temps sur l'homme. La seconde 'Down' est une ballade nostalgique
quasi acoustique sur laquelle la voix magnétique du bassiste se fait
réconfortante. Pour conclure l'album, 'Breath' mise sur une atmosphère orageuse portée à la fois par la
voix, la guitare acoustique et les claviers. Les thématiques du groupe sont toujours engagées et proposent une réflexion sur notre monde sans pourtant verser dans l'idéologie, de l'échec du Printemps Arabe au problème de la pollution de l'espace par l'homme.
Malgré la disparition de Dave Greenfield, les Stranglers ont réussi un nouveau tour de force, parvenant à conjuguer à tous les temps les sonorités uniques du groupe sans jamais donner l'impression de se copier. "Dark Matters" est à la fois un superbe album dans la continuité de l'esthétique des Stranglers mais se distingue également en proposant à travers des compositions sombres des éclats de lumière thérapeutiques.
Plus d'information sur
https://www.facebook.com/thestranglers
LISTE DES PISTES:
01. Water 02. This Song 03. And If You Should See Dave... 04. If Something's Gonna Kill Me (It Might as Well Be Love) 05. No Man's Land 06. The Lines 07. Payday 08. Down 09. he Last Men on the Moon 10. White Stallion 11. Breathe
FORMATION:
Baz Warne: Chant / Guitares Dave Greenfield: Claviers Jean-Jacques Burnel: Basse Jim Macaulay: Batterie
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4/5 (2 avis)
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EN RELATION AVEC THE STRANGLERS
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DERNIERE INTERVIEW
THE STRANGLERS (05 JUILLET 2021)
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Music Waves a rencontré Jean-Jacques Burnel, bassiste et chanteur des Stranglers, mais depuis peu unique membre fondateur en activité au sein du groupe anglais.
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