Knecht est un guitariste américain originaire du New Jersey qui depuis sa tendre enfance est un touche-à-tout des instruments (piano, guitare, basse) jusqu'à parfaire son apprentissage en intégrant le fameux Berklee College Of Music. L'établissement est renommé notamment pour avoir eu comme étudiants certains membres de Dream Theater. Le point commun avec le célèbre groupe de metal progressif ne s'arrête pas là puisque le multi-instrumentiste s'en inspire dans son premier EP.
Cet opus éponyme purement instrumental constitue un patchwork des multiples styles metal et progressif qu'apprécie le musicien et une sorte de parcours initiatique pour un auditeur qui souhaiterait découvrir ce genre de disque. Cette vision des choses est rendue facile par des compositions concises qui ont le mérite d'éviter des circonvolutions stériles même si cette recherche d'efficacité peut apparaître frustrante pour les initiés en raison d'un manque assumé de développements.
Les riffs constituent bien entendu le cœur de l'ensemble des compositions avec notamment 'Transformation' qui par sa lourdeur débute l'album. Autour, Knecht tisse quelques solos efficaces qui se marient avec une certaine emphase avec des nappes de claviers discrets en sa seconde partie, un peu décousue. C'est là où le bât blesse car on a le sentiment que le musicien a du mal à canaliser ses multiples idées. Toutefois, 'Tabernacle Jam' renoue avec cet équilibre bienvenu dans lequel le guitariste manifeste sa maîtrise technique par une sorte de jam sur une base mélodique autour de laquelle s'enchainent des parties solistes intéressantes, proches de Satriani.
Ainsi on navigue entre titres lourds un peu tous écrits de la même façon et des parties plus apaisées, notamment le très beau 'Summer Nights' à la mélodie exacerbée, construit en trois mouvements tout en progression jusqu'à un prélude shred annonçant un final qui renoue avec le calme du début. Le musicien propose une relecture d'une musique du jeu vidéo Halo ('Overture (Excerpt For Halo Reach)' pour en faire une version plus metal avec l'utilisation de la huit cordes contrastant ainsi avec l'original plus orchestral. Cela lui donne indéniablement un souffle encore plus épique. La synthèse de tout cela se retrouve dans le jouissif 'Destruction' qui termine l'album en apothéose de notes et de brutalité, bien aidé notamment par une excellente section rythmique.
Cet album constitue indéniablement une porte d'entrée permettant de pénétrer dans un univers encore plus riche comme peuvent en offrir John Petrucci, Steve Vai, Satriani et bien d'autres encore. Les habitués, quant à eux, trouveront l'album sans doute un peu trop classique pour totalement les transporter. Toutefois, il faut reconnaître le talent de Knecht pour son interprétation sans faille tout en saluant l'équilibre trouvé entre la démonstration technique et le plaisir d'écoute, souvent incompatibles. On a hâte de revoir le musicien pour un prochain album, ou peut-être intégrant un groupe qui profiterait de ses talents.