"Wolf Attack" est le quatrième album d'Existance depuis 2011. Les quatre musiciens savent qu'ils composent un heavy metal quelque peu désuet aujourd'hui mais comptent sur un public de connaisseurs pour y déceler la personnalité créative du groupe au milieu des hommages et des influences revendiquées des années 80.
Il est vrai qu'à écoute des premières mesures de 'Highgate Vampire', l'auditeur remonte le temps et se trouve plongé au cœur de l'ambiance musicale des années 80. Les influences de Judas Priest sont évidentes, particulièrement sur le chant de Julian Izard, mais également sur les riffs hard rock rapides caractéristiques du Priest et de l'époque. 'Death Bringer' quant à lui arbore riffs et solos dignes de la bande de Biff Byford, Saxon étant également un groupe dont les Français revendiquent volontiers la proximité artistique. D'autres comparaisons, comme avec Tokyo Blade sur 'Power Of The Gods', Bon Jovi (le popisant 'Power Of The Gods' et la magnifique ballade 'Tears Of Fire') ou Iron Maiden à de nombreuses reprises sur les solos virevoltants et inspirés du virtuose Antoine Poiret, sont possibles et assez naturelles tant le quatuor a baigné toute son enfance dans ces ambiances, bercés par la NWOBHM.
Mais Existance propose plus qu'un simple album de revival. Les Parisiens ont grandement élevé leur niveau technique depuis les albums précédents et proposent une prestation majuscule à tous les étages, à commencer par la production signée Jacob Hansen et François Merle (Manigance) très équilibrée qui sert chaque instrument. Les compositions sont également d'une grande qualité et l'album s'écoule le plus naturellement sans aucun temps mort ou baisse de régime. En point d'orgue, citons 'Sniper Alley' avec son mid tempo qui s'enflamme au moment du break et du solo dantesque, avant de s'achever sur un refrain épique digne des grandes heures de la Vierge de Fer.
L'album alterne ainsi les brûlots heavy comme le débridé 'Preacher Of Insanity' et les titres hard rock mid tempo à la Def Leppard ('Jenny's Dream' et 'You Gonna Rock It') avec un sens de la mélodie et du riff fidèle à l'époque qu'ils honorent. Il regorge également de morceaux passionnants comme le titre éponyme à nouveau construit comme un hit heavy des eighties et qui combine tous les ingrédients déjà cités pour en faire le second point culminant de ce "Wolf Attack" qui commence à prendre les atours d'un album d'exception.
Enfin, 'Gwendoline', la cover de H-Bomb, est un hommage à Didier Izard disparu il y a trois ans. Julian y chante admirablement bien, malgré ses réticences envers l'exercice du chant en français. Il y place sa voix dans une sonorité plus affirmée qu'en anglais, dans un registre qui rappelle non seulement son père mais aussi Christian Augustin (Sortilège), pour un résultat probant qui mérite que le quatuor s'y penche à nouveau à l'avenir.
À l'heure de conclure, la tentation de parler de nostalgie est grande, mais comme ce terme a tendance à sentir la naphtaline et que Existance propose un heavy, certes classique, mais tout sauf ringard, c'est plutôt sous l'égide d'une inspiration vintage que sera classé ce "Wolf Attack". Surtout, Existance propose beaucoup plus qu'un simple album de revival. Il parvient à moderniser le genre en y apportant une fraîcheur d'écriture et une modernité de jeu qui rend hommage à ce heavy que nous sommes nombreux a avoir adoré et qui, il faut bien se l'avouer, nous manque parfois cruellement. Ces quatre jeunes Français font mieux que le faire revivre, ils en perpétuent l'esprit et continuent d'en écrire l'histoire.