La Grèce serait-elle le nouvel Eldorado du metal ? Après Mother Of Millions qui n'en finit plus d'étonner avec son metal progressif teinté de post rock, voici que débarque Rascal Whack avec 'Maliveni' qui arbore une pochette verte synonyme d'espoir que l'on fonde en sa musique. Fort d'un premier album paru en 2015, le groupe a mis du temps pour sortir ce nouveau disque, un luxe rare dans une industrie où tout va plus vite.
Une première écoute globale confirme que le quintet a mis à profit ce temps pour peaufiner dans les moindres détails un album riche tant sur le plan musical que sur la thématique philosophique si naturelle à la Grèce, berceau de l'apprentissage de la pensée. On baigne ici dans une forme hybride de rock heavy, metal et de stoner hypnotique qui sert de support à des textes sur l'oppression urbaine et la perte d'identité.
La rythmique constitue indéniablement l'ossature de l'ensemble des titres et se rapproche de Tool ('Carved Ignorance' ou 'The Fly') avec une basse aux vrombissements puissants qui est largement mise en avant. Mais le groupe va beaucoup plus loin que les Américains avec un équilibre quasiment sans faute trouvé entre un chant plus expressif et un sens instrumental mélodique plus prononcé comme en témoigne la fin poignante de 'The Fly'. La plus-value est alors indéniable car plutôt que de simplement copier leurs confrères, Rascal Whack densifie ses titres par des touches personnelles qui apportent un surplus de relief notamment par l'utilisation de deux guitares.
Les compositions sont variées, oscillant entre une puissance salvatrice ('Raging Groove' et 'Slipping Away') aux riffs terriblement groovy et des constructions alambiquées comme 'Hallucination' qui après un passage metal s'offre un mouvement plus atmosphérique et incantatoire. Malgré cette variété entre morceaux efficaces et d'autres plus complexes, "Maliveni" reste cohérent et passionnant ce qui n'est pas une mince affaire de nos jours. 'Space Cowboys' synthétise cette impression de fusion avec sa progression en montagnes russes émotionnelles.
Bien aidé par une production au diapason et une interprétation limpide et maitrisée, ce second album de Rascal Whack est une franche réussite. En s'appuyant sur des références marquées, le groupe réussit à les absorber et les imbriquer entre elles pour gagner en personnalité, quitte à en devenir presque inclassable. "Maliveni" est une belle surprise dont il ne faut pas se priver.