Carmen Tannich-Wallner, qui utilise pour nom de scène Tanyc, est une jeune chanteuse compositrice autrichienne. Pour son premier album sobrement intitulé ''Tanyc'', la jeune artiste a choisi de se livrer à nu, comme le suggère la pochette de son album plus inspirée par le ''Persona'' d´Ingmar Bergman que par les sœurs siamoises Abigail et Brittany Hensel.
Les amateurs de rock progressif peuvent identifier dans le line-up deux noms familiers : Yogi Lang et surtout Kalle Wallner (un air de famille ?), deux membres de RPWL, accompagnent les premiers pas de Tanyc. Pour autant, ce premier album ne se déclinera pas sur un air progressif, Tanyc dévoile dès son premier titre les grandes lignes de son esthétique : un esprit pop mâtiné d´atmosphérique avec une petite touche folk. La jeune femme met en avant une voix chaleureuse légèrement gorgée de soul qui entoure chacune de ses paroles d'une aura dramatique et mystérieuse. On entre ainsi dans le vif du sujet avec un 'Faster' à la rythmique hypnotique et quelque peu anxiogène qui laisse place à un refrain plus lumineux.
Comme le suggère la pochette, Tanyc passe allégrement de la lumière aux ténèbres, les morceaux s'enchaînent mais leur luminosité varie. Après le lumineux et pop ´Smile´, taillé pour la radio, suit un morceau plus intensif marqué par le piano ('Hide Away'). Ce qui est une esthétique revendiquée peut toutefois rendre l'expérience de l'écoute un peu frustrante, comme si l'artiste n'avait pas su doser à merveille ses idées. Ainsi, certains morceaux plutôt calmes n´ont qu'un aspect transitoire comme 'Loops On Fire', à peine sauvé par son pont instrumental, ou 'Beautiful' qui ennuie sur la durée en raison de sa fin ad nauseam. Heureusement, les morceaux dramatiques ont une portée plus puissante. 'Again' déploie un attirail atmosphérique assez menaçant d´autant que la voix de Tanyc semble se dédoubler. L'oxygène semble manquer sur 'Honest' qui se joue des tensions. 'Never Ask Twice' s'aventure aux avant-postes des terres blues (avec un petit duo masculin/féminin). Pour autant, l'effeuillement de la miss laisse l'auditeur sur sa faim et les 53 minutes de l'album apparaîtront quelque peu longuettes surtout en fin d'album où les morceaux se suivent et se ressemblent ('Over And ´Over' a cappella ressemble plus à un gadget de remplissage qu'à une véritable création).
Ce premier album n'en est pas moins une bonne bouffée d´air. La jeune artiste autrichienne crée des climats dramatiques qu'elle magnifie d´une voix enfumée tout en cherchant un équilibre avec des morceaux plus ensoleillés. Si le dosage n'est pas encore parfait en raison de ficelles trop visibles, l'intensité dramatique de certains morceaux nous révèle tout le potentiel de la jeune femme dont on attend des nouvelles avec toutefois moins de lumière et plus d'obscurité.