Distant Harmonies est à la base un duo composé de Jordi Rubio et de Mark Rodriguez, dont l'originalité a été de réaliser "Dancing With The Waves" totalement à distance l'un de l'autre. Si la prouesse paraît aujourd'hui relative avec les nouvelles technologies, elle n'en reste pas moins une expérience intéressante surtout dans le contexte pandémique actuel. L'album n'est cependant pas l'incarnation d'un projet spontané mais qui a été pensé pendant près de deux ans, l'amenant à évoluer.
Avec un tel postulat de départ, l'album apparaît comme une sorte de parcours où le groupe balaye plusieurs styles entre metal et électro (qui devient une des sources de plus en plus communes pour moderniser le genre). "Dancing With The Waves" met l'accent sur la mélodie dans le titre éponyme qui ouvre le disque. Les nappes de claviers amènent des riffs agressifs plutôt basiques mais efficaces avec un refrain mémorisable. L'album est avant tout un disque de musiciens où l'expression libre des instruments demeure le fil rouge avec notamment 'Pulse' qui dynamise les harmonies avec ses effets technoïdes ou bien 'Angel In Green', composition plus classique voire classieuse et chaleureuse par son aspect plus organique. Ce titre est sans doute l'un des meilleurs de l'album, touchant avec son piano et son symphonisme à la Vangelis contrebalancés par de jolies digressions électriques.
On retrouve ce mélange qui apporte un côté immersif usant de dramaturgie dans le titre 'El Mal' accentuant le contraste entre tension et moments apaisés. Le groupe expérimente, peut-être de manière un peu trop abrupte - les changements sont très voire trop nombreux -, témoignant sans doute d'une trop grande envie de bien faire. A noter cependant quelques très jolis passages, notamment en milieu de titre où la guitare (encore elle) se taille la part du lion dans des solos très bien trouvés qui appellent à la rêverie.
Le sentiment plutôt positif, tiré des compositions elles-mêmes et d’une interprétation sans réelle faiblesse, est cependant atténué par une production qui ne leur rend pas hommage : elle manque cruellement d'ampleur et de profondeur en sonnant trop garage ou "maison", ce qui ne convient pas tout à fait au style. On ne peut pas non plus reprocher au groupe de ne pas faire des propositions notamment dans la relecture de 'Wish You Were Here' dans une version musclée qui si elle ne convainc pas totalement a le mérite d'exister.
"Dancing With The Waves" ne manque pas de qualités et témoigne d'un album de musiciens qui aiment tenter des choses et rien que pour cela, il mérite qu'on y prête une oreille attentive malgré ses défauts de jeunesse. Certains mouvements sont très bien trouvés avec des mélodies très agréables qui compenseront certainement ces légers bémols qui en soi ne sont pas rédhibitoires.