Voilà près de 20 années que Simon Caron a fondé Red Sand, et force est de constater que son enthousiasme est toujours intact puisqu’après "Forsaken" en 2019 puis l’excellent "Crush the Seed" en 2020, il nous propose en cette année 2021 "The Sound of the Seventh Bell", le dixième album du groupe sous la forme d’un concept basé sur les 7 péchés capitaux.
Ceux qui suivent de près ou de loin les aventures du groupe québécois vont d’emblée retrouver leurs repères avec la première partie du titre éponyme : quelques cloches pour lancer la machine, suivies d’un chant à deux voix accompagné par une délicate guitare acoustique et de délicieuses notes de clavier, avant que le titre ne se poursuive par une partie instrumentale portée par une basse toute en rondeur accompagnant un premier solo lumineux de guitare. Tous les ingrédients d’un bel album de néo-prog sont posés, et le parfait agencement entre titres courts aux mélodies imparables et morceaux épiques à tiroirs va embarquer l’auditeur dans une farandole mélodique fortement addictive durant une heure où les nombreux passages instrumentaux vont bien entendu mettre en avant la guitare du maestro.
Ce n’est de toute évidence pas aujourd’hui que Simon Caron va renier ses racines néo-progressives héritées des années 80 et ses habituelles influences. Et au petit de jeu consistant à les débusquer au détour d’un passage ou d’un autre, l’auditeur attentif notera quelques descentes chromatiques typiquement floydiennes (‘Insatiable’), un Marillion de la première époque personnifié par une basse ronde et des accords de guitare plaqués avec vigueur (‘The Sound of the Seventh Bell – part 2)' ou encore une belle réutilisation de la rythmique d’‘Assassing’ (‘Cracked Road’). La présence de ces repères finalement très réconfortants n’empêche pas Simon Caron de casser les codes en nous proposant par exemple une belle dose de guitare hispanisante sur fond de basse ronflante (‘Insatiable’).
La production est propre, permettant un bel équilibre entre tous les instruments et plus particulièrement dans les nombreux soli de guitare dont la saveur ne serait pas aussi appréciable sans la présence marquée de la subtile section rythmique qui les accompagne. Seul petit bémol, le chant un peu trop plat par moments, mais qui ne vient en rien dénaturer la qualité de l’ensemble.
Sans révolutionner le genre, Red Sand nous convie à une belle heure typiquement néo-progressive. L’amour du travail bien fait se ressent tout du long de l’écoute de "The Sound of the Seventh Bell", et il serait vraiment dommage de passer à côté d’une telle sucrerie musicale.