S'il y a bien une qualité que l'on ne peut enlever à Talisman, c'est bien la ténacité. Ce groupe au line-up international nous propose depuis maintenant plus de 15 ans un hard rock énergique et mélodique qui, malgré quelques bonnes réalisations (Genesis, Humanimal), n'a pourtant jamais atteint la ligue des champions, se contentant d'un modeste milieu de tableau en première division
Le précédent enregistrement sorti en 2003, "Cats and Dogs", présentait un hard rock classique et solide mais manquait de constance et péchait par moment par le côté inutilement démonstratif de Marcel Jacob tant sur le plan du jeu pur que de la production où la mise en avant de sa basse pouvait finir par lasser l'auditeur.
Avec ce "7" qui est comme vous pouvez l'imaginer le septième album studio et qui s'affirme enfin comme celui de la maturité, le groupe a définitivement franchi un palier. Ce palier, Talisman le doit principalement à ses deux têtes pensantes, Marcel Jacob et Jeff Scott Soto qui composent la quasi totalité des titres et produisent l'album.
Côté son, de nets progrès ont été accomplis par les deux hommes. Ce CD bénéficie enfin d'un son puissant, clair et surtout équilibré. Musicalement, la basse demeure la colonne vertébrale du groupe mais elle s'avère cette fois harmonieusement intégrée et apporte un relief et une dynamique qui booste les compos.
Côté compositions justement, tout en restant fidèle à son style foncièrement hard rock mélodique, Talisman nous offre ici un album plus homogène (rien à jeter, pas de carton jaune) et plus coloré avec même sur certains titres des touches funky, voire reggae bien intégrées qui apportent fraicheur et diversité dans un genre où il est rare d'innover (mais cela reste des touches...). Quand au titulaire de la six cordes, Fredrik Akesson, il réalise une excellente performance tout au long de cet album tant en rythmiques, précises et tranchantes qu'en soli, concis mais efficaces.
Et puis Talisman, c'est surtout un voix, et quelle voix ! Sur ces onze titres, Jeff Scott Soto nous délivre comme à son habitude une prestation exceptionelle à travers des lignes de chant à la fois très mélodiques et puissantes. On imagine l'impact sur scène...et on comprend maintenant pourquoi Journey a récemment enrôlé le chanteur sur sa dernière tournée mondiale pour remplacer Steve Augeri atteint par une infection à la gorge.
Face à une oeuvre qualitativement aussi compacte, il est difficile de détacher un titre plutôt qu'un autre. Personnellement, je craque pour "Succumb 2 my desire" et sa touche funky et "Back 2 the feeling", ballade sur laquelle Soto nous fait un sacré numéro. Mais chaque titre possède un réel intérêt et, au coup de sifflet final, on espère en vain les prolongations...
Pour vous consoler et patienter, les amateurs pourront se rabattre sur le dernier opus solo de Jeff Scott Soto sorti en 2004 "Lost in the translation" qui, lui aussi, vaut son pesant de cacahuètes et sur lequel Neal Schon, le guitariste de Journey faisait déjà une petite apparition prémonitoire.