JIMMY BARNES: Flesh And Blood (ROCK) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Pendant que notre triste hexagone s’obstine à le dédaigner, Jimmy Barnes vient de sortir son 19^ème album qui en a profité pour devenir son 13^ème numéro un en Australie, devançant ainsi U2 et Madonna. Alors que "My Criminal Record" (2019) s’était souvent fait coléreux, le nouveau venu se veut une œuvre familiale par le nombre de ses participants, mais également par le thème de la plupart de ses chansons. Epouse, enfants, petits-enfants… tous se sont mobilisés autour du boss australien pour un opus conçu pendant la période du confinement et traduisant la mélancolie provoquée par cette période troublée et mettant en valeur l'importance des relations familiales et amicales.

Un peu comme Bruce Springsteen sur "Letter To You", Jimmy Barnes prend le temps de se retourner sur sa vie et sur les épreuves qu’il a pu traverser. C’est d’ailleurs à son pendant américain que fait penser le titre éponyme qui ouvre ce recueil avec une énergie contagieuse et un refrain accrocheur. La chair et le sang de Jimmy, ce sont ses enfants, et il leur a tout donné, le meilleur comme le pire dont il s’excuse, même s’il a toujours fait de son mieux. La première partie de l’album œuvre dans un registre proche ('Around In Circles'), penchant un peu plus vers un folk-rock auquel l’artiste rajoute quelques notes de cornemuse (‘I’m Coming Home’). Après tout, il n’a jamais renié ses origines écossaises et ce n’est pas à 65 ans qu’il va commencer. Typique du pub-rock australien, auquel Mister Barnes a largement contribué à donner ses lettres de noblesse, ‘Gateway To Your Heart’ est lui aussi imparable et bénéficie d’un joli solo de guitare offert par un certain Mark Lizotte, plus connu sous le nom de Johnny Diesel et qui coécrit plusieurs titres de l’album.

La seconde partie de ce "Flesh & Blood" prend le parti de la douceur et de la mélancolie en enchainant cinq titres calmes et émouvants. Avec ses quelques touches country, ‘Til The Next Time’ fait preuve de délicatesse et de profondeur en traitant des angoisses nocturnes qui peuvent s’emparer de l’auteur, et que son épouse apaise par sa simple présence. ‘I Move Slow’ est également touchant en abordant le temps qui passe en compagnie de ses enfants Elly-May et Jackie. A noter que ce dernier, batteur au sein de Rose Tattoo et réputé pour sa frappe de mule, fait preuve ici d’une remarquable délicatesse. Quant à ‘Love Hurts’ interprété en compagnie de son épouse Jane, il est également poignant, évoquant un épisode de leur vie commune durant lequel Jimmy a décidé de tout mettre sur la table, le meilleur comme le pire, afin de leur permettre de repartir sur des bases saines. Tous ces titres, bien que restant dans un registre apaisé, compensent leur douceur par une interprétation à la fois juste et profonde, ce qui n’est pas étonnant lorsque l’on connaît le talent du maitre des lieux.

Moins immédiat que son prédécesseur et faisant preuve d'une douceur relativement inhabituelle pour son auteur, tout du moins dans une telle proportion, "Flesh & Blood" n'en est pas moins une nouvelle réussite pour Jimmy Barnes. Il prouve ici l'immensité de son talent d'interprète et confirme qu'il est bien le patron d'un rock australien pour lequel l'intensité peut aussi bien se trouver dans la profondeur de son interprétation que dans la puissance de ses instruments. Nous ne nous ferons aucune illusion quant à l'écho que cet opus rencontrera en France, mais ceci ne doit en aucun cas vous éviter de lui apporter l'attention qu'il mérite.

JIMMY BARNES

FLESH AND BLOOD

AUTRE LABEL

ROCK