DEFTONES: White Pony (NEO/NU METAL,Metal Alternatif) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Au tournant du millénaire, le metal se veut NU ou NEO, explore les abysses des fréquences graves et du crossover rappé et se voit dirigé par Korn, Limp Bizkit, Linkin Park. Et les Deftones.

Après deux albums comme autant de coups de serpe dans la jungle musicale endormie ("Adrenaline" en 1995 et "Around The Fur" en 1997), le groupe de Sacramento décide avec "White Pony" de muer en intégrant définitivement un nouveau membre, le DJ Frank Delgado, et en laissant son chanteur participer aux parties de guitare. La six-cordes de Chino Moreno complète donc pour la première fois les paysages sonores du groupe en enfermant l’auditeur dans un maelström hypnotique et envoûtant avec l’aide des riffs acérés de Stephen Carpenter et des basses percutantes du regretté Chi Cheng. Quant à la batterie, Abe Carpenter mériterait un livre entier rien que pour l’introduction de ‘Digital Bath’, fausse ballade mais vraie tuerie où Chino rêve de noyer une femme pour la réanimer...

Les morceaux ici ne sont plus nu metal, le groupe piochant dans l’alternatif, l’ambient, le trip-hop et faisant tout simplement fi d’un quelconque classement, conviant Maynard James Keenan (Tool, A Perfect Circle) à partager les voix sur l’envoûtant ‘Passenger’ ou créant rien moins qu’un ‘Great Gig In The Sky’ punk du nouveau siècle avec les envolées de la chanteuse Rodleen Getsik sur l’hallucinatoire ‘Knife Prty’.

Réduire "White Pony" à un titre est impossible, tant le voyage le long de ce Styx sinueux est à faire et refaire autant de fois que possible, mais ‘Change (In The House Of Flies)’ en était le premier single à l’époque et reste aujourd’hui encore une porte d’entrée aussi grandiose qu’inquiétante. L’histoire est aussi glaçante que le film de David Cronenberg, les effets sonores portent cette voix comme surgie d’une crypte pour charmer l’auditeur et ne plus le laisser partir.

Avec "White Pony", les Deftones s’inventent sirènes d’un nouveau genre, capturant le monde dans leurs filets soniques et ne laissant aucun survivant.
Jusqu’à entendre une mouche voler.

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