Horte est un groupe finlandais. Dans ses albums, le quatuor invite à voyager dans son pays en offrant la bande-son de longues étendues de neige à perte de vue et de soirées éclairées à la chandelle alors que les ténèbres opaques dévorent le jour déclinant. Il ajoute à cela un esprit post rock lancinant connu en Angleterre sous le nom de shoegazing. Horte nous présente sa troisième offrande, "Maa Antaa Yön Vaientaa" ("La Terre fait taire la Nuit").
Lorsque Horte ouvre les portes de la nuit, il faut abandonner tout espoir de joie et de félicité. Le groupe évolue dans le sillage de Dead Can Dance et Cocteau Twins mais réussit à s´en démarquer habilement. D´entrée, l´auditeur est pris dans un tourbillon lancinant avec un chant féminin dépaysant en finlandais. Cette langue possède des sonorités qui ne sont pas familières aux oreilles françaises, mais le chant de Riikka Pekkala
ressemble aux mélopées éthérées d´un culte antédiluvien, à la fois lointain mais majestueux. Autour d´elle, la section rythmique est en feu. Le jeu de batterie de Touko Santamaa est chaloupé et puissant, le ronronnement de la basse surchauffée de Dmitry Melet évoque une menace constante tout au long de l´album. La guitare de Simo Kuosmanen plane comme mille épées de Damoclès (comme sur le pur rock 'Väisty Tieltä', qui laisse parler la poudre) et lance parfois quelques gerbes bruitistes.
L´album est fortement anxiogène (le son bourdonnant de l´introduction
de 'Kilpemme' ou les inquiétants claviers de 'Valoa On Likaa'), mais laisse toutefois briller quelques étincelles de lumière
('Kontaa, Ne Kontaa II', 'Ilman Nurkka' grâce à ses notes de piano impromptues). Horte réussit finalement à faire planer son auditeur, offrant la solution à la devinette exposée par le titre de l´album : ces sonorités terrestres réussissent à estomper les ténèbres. Cependant ce disque se révèle difficile d´accès, même pour les puristes du post-rock ou du rock atmosphérique, certains morceaux pouvant s´avérer rébarbatifs ou peu inspirés (la fin de 'Kun Joki Haithu', en déshérence). En revanche, avec une durée assez courte de 36 minutes, de nouvelles écoutes sont permises afin de bien s´imprégner des ténèbres finlandaises.
Ce troisième album d´Horte constitue une expérience sonore d'un accès assez ardu : l´auditeur devra s´armer de courage pour parvenir au bout de son ascèse nocturne, qui se révèle finalement assez riche en émotions.