S’il est inutile de présenter le guitariste du groupe Rage Against The Machine, Tom Morello, qui, armé d’une six-cordes et d’une imagination sans faille, a participé à la réinvention d’un instrument qu’on croyait voué à orner les cheminées tels les trophées de chasse surannés d’un temps dépassé, il est impératif de mentionner sa curiosité et son insatiable soif de nouveauté.
Guitariste ne signifie pas nécessairement "rock" ou "pop" mais tout simplement "musique" et c’est ce que Tom Morello et ses invités s’ingénient à faire comprendre à l’auditeur, sinuant entre breakbeat, metal, synthpop et autres définitions dont il est indispensable de se passer pour aller au cœur de ce qui a réellement de l’importance : les chansons.
Douze titres composés pendant la pandémie, alors que le monde est à l’arrêt et qu’un workaholic comme Tom Morello doit rester assis au calme pour la première fois depuis l’âge de 17 ans. Afin de sauver ce qui reste de sa santé mentale, des riffs sont enregistrés sur son iPhone et envoyés à des collègues artistes disséminés un peu partout sur la planète. Pas pour créer un album, du propre aveu de son concepteur, mais pour supporter la période, aller au bout des journées, voir un peu de lumière.
Le résultat est une collection de sons aussi variée que la liste des collaborateurs. Bring Me The Horizon ravive la flamme d’Audioslave et Against The Machine ('Let's Get The Party Started'), Phantogram entraine le compositeur le long d’une route désertique et synthétique ('Driving To Texas') où il retrouve Mike Posner ('Naraka') avant de distordre tout sur son passage avec Grandson pour un 'Hold The Line' électrifié et terrifiant et un 'The Achilles List' incandescent avec nul autre que Damian Marley. Quant au trio formé avec rien moins qu’Eddie Vedder et le Boss Springsteen sur 'Highway To Hell', il offre une fenêtre sur ce que le maître des cordes envisageait : de la légèreté en ces temps dramatiques, une union à distance pour braver l’éloignement, une communion lumineuse en forme de carte de l’Enfer.
Où tout un chacun aimerait rester pour hurler avec eux.