Si Brian Molko avait découvert que le meilleur remède à la morosité n’est pas un Placebo mais un mélange de dub distordu, de hurlements primaires subtils, de funk bluesy et de tout ce qui ne s’associe pas normalement, il aurait pu sortir un album comme "Tight ".
S’il venait de Marseille aussi.
Car oui, cet OVNI piochant autant chez les rythmiques syncopées de Rage Against The Machine que chez le lyrisme zeppelinien est un enfant de l’Hexagone. Armé d’une excellente prod, d’une diction sans faille (une gageure rare qui mérite d’être soulignée) et d’un répertoire varié pour une galette qui atteint quasiment les 1h10, le groupe phocéen dégaine brûlot après brûlot, se permettant d’envoyer 4 uppercuts de fusion en incandescence en guise de présentation avant de balancer un blues de 8 minutes simplement dantesque, ‘Bad Words’.
Ce dernier est lui-même enchainé à un proto-gospel virant au boogie (‘Take My Land’) avant, bien évidemment, de brouiller à nouveau les pistes en broyant et ingérant tous les styles, du funk-reggae de ‘Break A Brick’ au BeastieBoyish ‘When Police Riots’ jusqu’à terminer exsangue avec la douceur acoustique et chaloupée de ‘Sandman’.
L’originalité du projet ne réside pas que dans la musique, aussi variée fût-elle, puisque le groupe compte également un dessinateur afin d’offrir un univers complet, auditif et visuel, entre Incubus et Enki Bilal, Red Hot et Moebius, Gorillaz et Godzilla…
Ici pas de bulles mais chaque chanson est une case où l’auditeur n’a plus qu’à se laisser glisser, des histoires aux couleurs vives comme les envolées et breaks de ces musiciens à la fois techniques et bourrés de feeling.
Il n'y a plus qu’à laisser la bande des cinés vous assourdir l’esprit à grands renforts de bombes sonores.