Limiter GosT à la synthwave reviendrait à dire que Trent Reznor fait de l’indus. Le parallèle entre les deux artistes semble évident à l’écoute de l’atmosphère synthétique et suffocante dégagée dès ‘Bound By The Horror’. Introduit par un ‘Bell, Book And Candle’ posant les bases du concept, l’album se dévoile alors tel un grimoire ancien rempli d’incantations appelant l’auditeur à s’abandonner aux noirs desseins de James Lollar, l’âme damnée de GosT.
Sorcellerie et musique électronique n’ont jamais aussi bien fusionné, unies dans un même chaudron en ébullition où les rythmes martèlent les tympans (‘A Fleeting Whisper’, ‘Blessed Be’) avant d’hypnotiser l’auditeur à grands renforts de distorsion et d’arpèges salis (‘We Are The Crypt’, ‘Embrace The Blade’). L’influence d’artistes tels Depeche Mode ou Human League est indéniable mais c’est l’aspect cinématographique qui intrigue, entre hommage à l’œuvre de John Carpenter, froideur à la "Terminator" ou cynisme à la "RoboCop", le tout couplé à la noirceur de "The Crow".
Les sorts et les mélopées s’enchaînent, appelant la nuit et peignant de noir les sons qui s’échappent des écouteurs. ‘Coven’ mélange les instruments pour perdre l’auditeur dans un maelström hypnotique et cauchemardesque puis ‘Burning Thyme’ vient refermer la dernière page du livre des envoûtements au son d’enclumes qui frappent et refrappent encore les certitudes jusqu’à les modeler en autre chose, jusqu’à ce que le fantôme règne, jusqu’à ce que le démon ait rempli son office.
Et que le disque redémarre, comme par magie.