Impressionnant. C’est le premier mot qui vient à l’esprit à l’écoute du premier album de The Omnific, "Escapades". Remarqué depuis quelques années maintenant après les sorties de leurs deux EP, "Sonorous" et "Kismet", le trio australien nous en met plein la vue et les oreilles avec cet "Escapades" qui ravira tous les esprits ouverts, curieux et en mal d’originalité.
Ce que réussit à faire ici The Omnific était pourtant très loin d’être gagné sur le papier. Pensez donc, un trio qui compose des titres entièrement instrumentaux avec seulement deux basses et une batterie est presque condamné d’avance au suicide commercial et artistique. Et pourtant, ça fonctionne très bien. Tellement bien d’ailleurs que les trois musiciens envoient valser tous les a priori dès les premières mesures du titre d’ouverture, ‘Antecedent’, sur lequel est d’ailleurs invité un troisième bassiste, Clay Gober de Polyphia. Cette association ne doit bien sûr rien au hasard puisque The Omnific s’inscrit parfaitement dans la mouvance moderne de ces jeunes musiciens biberonnés aux polyrythmies hypnotiques, à la fusion des genres musicaux et au djent technique.
De technique, il en est bien sûr question tout au long de "Escapades". Les deux bassistes, Matthew Fackrell et Toby Peterson-Stewart rivalisent de plans plus complexes les uns que les autres et démontrent à quel point la basse a beau être taillée pour le groove (‘Scurryfunge’, ‘Posterity’), elle peut aussi être un magnifique instrument mélodique (les superbes arpèges de ‘Fountainhead’, les leads de ‘Wax & Wane’).
Alors bien sûr, la musique de The Omnific est d’abord et avant tout une musique rythmique, soutenue par le travail étourdissant de Jerome Lematua à la batterie. Mais le trio a l’intelligence d’incorporer à ses compositions des claviers judicieusement utilisés pour soutenir les mélodies (l’excellent ‘Matai’) et parfois pour rompre avec le groove omniprésent des titres (le piano de ‘The Labyrinth Chronicles’ et ‘Scurryfunge’).
Avec "Escapades", The Omnific s’impose comme la version pour bassistes de Animals As Leaders. Tout aussi technique et groovy, la musique du trio a le même pouvoir hypnotique que celle de ses aînés américains. Mais le plus fascinant est l’incroyable musicalité qui transpire de chaque titre. Avec seulement deux basses, une batterie et quelques claviers, les Australiens réussissent l’exploit de capter l’attention pendant près de 50 minutes en dessinant des paysages sonores alambiqués et originaux. Impressionnant.