ZEAL & ARDOR: Zeal & Ardor (METAL ALTERNATIF) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Il est bien loin le temps du défi improbable lancé sur Internet. En seulement deux albums, Zeal & Ardor est devenu un projet reconnu sur la petite scène du metal d’avant-garde. Tout le mérite en revient à Manuel Gagneux, son fondateur, qui, par son talent et sa perspicacité à comprendre tout le potentiel de sa musique, a su capter l’intérêt et gagner le respect des metalleux en recherche de nouveauté. Une nouveauté qui, avec ce troisième album sobrement intitulé "Zeal & Ardor", s’émousse un peu, malgré son pouvoir de séduction inaltéré.

Comme sur "Devil Is Fine" et "Stranger Fruit", le Suisse s'amuse à mélanger les genres et à faire des grands écarts musicaux aussi osés que stimulants. Aucun doute, le mélange entre black metal et negro spirituals fonctionne toujours aussi bien mais, l’effet de surprise étant maintenant passé, il est parfois difficile de distinguer les titres qui relèvent de la marque de fabrique de Zeal & Ardor (‘Run’, ‘Bow’) et ceux qui relèvent du procédé un peu redondant (‘Feed The Machine’, ‘Church Burns’).

Heureusement, Manuel Gagneux est un compositeur brillant et il sait très bien que son territoire musical, aussi original soit-il, a besoin de sortir un peu de ses frontières pour continuer à séduire. Sur "Zeal & Ardor", la nouveauté est l’exploration plus marquée qu’auparavant des couleurs sonores du metal indus. C’est le cas sur l’énorme ‘Death To The Holy’ et son ambiance à la Nine Inch Nails, et sur les puissants ‘I Caught You’ et ‘Götterdämmerung’.

Mais c’est surtout quand la mélodie s’allie à la puissance et à la ferveur que Zeal & Ardor devient absolument irrésistible. Des titres comme le génial ‘Emersion’, qui rappelle la frénésie d’un Devin Townsend, ou le fascinant ‘Hold Your Head Low’, qui combine allègrement le death mélodique et le blues satanique façon Me And That Man, sont là pour nous rappeler à quel point Manuel Gagneux n’a pas son pareil pour exprimer la rage et le désespoir qui sont les principaux ingrédients de sa musique.

Cette rage exprimée par le chant littéralement habité du multi-instrumentiste prend ici clairement le pas sur la mélancolie qui traversait "Stranger Fruit". C’est sans doute la principale évolution de la musique de Zeal & Ardor sur ce nouvel album, et c’est aussi ce qui le rend moins attachant que le précédent. Mais si l’originalité des débuts n’est plus vraiment de mise, le constat artistique reste sans appel : Zeal & Ardor demeure l’un des projets metal les plus intéressants de ces dernières années.

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