Voici donc le treizième album studio de ce groupe mexicain né en 1978, mais dont le premier opus a été réalisé seulement en 1994. Ce double album porte bien son nom (Mozaïque) , tant les styles abordés ici et les périodes d’écriture (Signs of Love remonte à 1995, Princesa Celestial à 1996, les autres titres plus récemment) sont différents. Cast évolue dans un néo-progressif mâtiné de classicisme et de jazz-fusion aux sonorités chaudes, et dont la principale originalité est l’utilisation des instruments à vent - flûte, saxophones et clarinette.
Cet éclectisme est à la fois la force et la faiblesse de “Mozaïque”. Force, car il faut reconnaître qu’on entendra ici des collages peu fréquents, tels le début du morceau d’ouverture “Azteca Imperial”, très inca (flûte), avec une suite quasi-symphonique qui évolue vers des sonorités plus jazzy en milieu et en fin de morceau (saxo puis clarinette), en utilisant une très large palette d’instruments aux sonorités plus modernes... Impressionnant !
Le glissement vers le second morceau “Signs of Love” amène vers une nouvelle ambiance que ne désavouerait pas Tony Banks; la fin, avec une ambiance arabisante, est également assez inattendue. On appréciera la jolie balade “Cruces en Mar”, très académique mais bien mise en valeur par la prestation vocale de Francisco Hernandez en duo (et en Espagnol, ce qui est finalement très plaisant ! ) . Sur le second CD, “Nueva Luz” est un essai d’orientation prog symphonique qui rappelle certaines ambitieuses tentatives de Rick Wakeman : pas inintéressant (mais également mégalo : Alfonso Vidales, seul compositeur et claviériste du groupe, s’est royalement servi sur le coup !)
Voilà pour les points appréciables ; par contraste, les faiblesses de certains titres (“Princesa Celestial”, essai de “hit” très daté, “Hay un Lugar”, sirupeux, la seconde partie de “Ninos de Cristal I”, ratée, “Ninos de crital II” ou "Flapepo”, laborieux), le coté plus purement jazz (“Jupiter”, “Cuerda Floja”) qui pourra dérouter ou fatiguer (rayer la mention inutile en fonction de votre état d’esprit), quelques passages dispensables (“Flaupepe”, le pseudo-scat dans “Suenos Colectivos”, “Ara Imp”) font apparaître une surprenante naïveté ambiante chez ce groupe qui a quand même un belle expérience. L’hétérogénéité des compositions dans le temps et les styles montre ici ses limites chez un groupe plus à l’aise dans le prog pur ou le jazz que dans les titres plus rythmés, trop approximatifs.
Il serait pour autant dommage et injuste de mettre cet hétéroclite “Mozaïque” aux oubliettes, l’originalité des premiers titres méritant largement le détour. L’album aurait très probablement gagné à être resserré et plus homogène.