Le "metal à papa" joué par des barbus-chevelus est peu à peu remplacé par leurs jeunes héritiers, barbus... The Omega Stream, qui appartient à cette nouvelle vague de poilus, redéfinit les contours d'un électro-metal, entre sons artificiels et metalcore à tendance progressive (peut-être que cette note progressive est due au bassiste qui officie chez Altesia). Il publie un premier EP, “Dystopia”, plongée dans un univers où l'artificiel côtoie la variété musicale nourrie d'une énergie explosive.
Les chansons piochent leurs inspirations dans le metalcore, le djent ou le progressif (‘Trapped In A Dream’). Du côté des thèmes, le disque est une exploration de nos côtés sombres, comme le soulignent les paroles de ‘A Body With No Soul’. Mais cette facette sombre est contrebalancée par une certaine chaleur. Ainsi l'introduction de ‘A Body With No Soul’ est basée sur des percussions ethniques qui apportent un groove soyeux. C'est là la première force de l’EP : communiquer ce groove si particulier.
Le deuxième point fort du disque réside dans ses multiples mélodies. Elles viennent aussi bien des riffs de synthétiseurs, des belles guitares solitaires (‘Anthem’ ou ‘Trapped In A Dream’), respirations au milieu d’une fournaise, indispensables à la cohérence des pistes. Quelques passages acoustiques contrastent avec une énergie métallique brutale (‘F.E.A.R’). Ces oppositions sont un pied de nez aux conventions, une manière de surprendre l’auditeur tout en affirmant sa liberté.
Enfin, la plus grande surprise de “Dystopia” vient de sa juste utilisation de la palette électro. Ici les synthétiseurs se fondent dans le décor, alors que pour d’autres ils sont un simple habillage. The Omega Stream donne naissance à une fusion musicale très organique et humaine. Par ce mélange de genres, le groupe ajoute de la chaleur à des passages électro glacés, donne corps à un monde où électronique et amplis à tubes jouent à armes égales le jeu de l’émotion.
Fiers et conscients de leur héritage métallique, les jeunes de The Omega Stream publient un disque aussi libre que respectueux. “Dystopia” est une belle réussite, un EP plein de qualités (mélodies, groove, pointe de prog et énergie solaire) dont la musique réconciliera le “metalleux à papa” et la nouvelle génération de furieux.