Alex Brachet… Même si vous connaissez beaucoup de guitaristes officiant dans le milieu de la musique instrumentale, ce nom ne vous dira pas grand-chose sauf si vous naviguez sur Myspace à la recherche de nouveaux talents. Dans tous les cas, c’est un jeune guitariste sur lequel il faudra compter dans l’avenir tant on sent un réelle fougue et une parfaite maîtrise technique dans son propos musical.
Alex Brachet est à la fois un virtuose des claviers et du manche… Issu d’une formation classique de piano au conservatoire de Marseille, on hallucine de voir son niveau technique sur certaines de ses vidéos mises en ligne sur son website. On s’étonne encore plus quand on voit que le niveau est tout aussi élevé quand ce gaucher a une guitare entre les mains… On pourrait dire que c’est une sorte de Tony Mac Alpine ou de Mike Keneally : cette comparaison permettant également d’illustrer l’affiliation de sa musique à celle du maître Steve Vai.
« Expérimental Fusion » est le premier album d’Alex Brachet, entièrement fait à la main et à la maison avec grand soin : une autoproduction tirée en peu d’exemplaires et distribuée exclusivement sur son website, dans l’attente d’un éventuel accord avec un producteur ou distributeur. Ce premier album nous offre un métal prog instrumental fusion de très bonne facture. Les comparaisons qui viennent à l’esprit sont immédiatement Steve Vai, Satriani, John Petrucci, Jason Becker ainsi que Mickaël Romeo et Malmsteen pour les colorations néoclassiques…
En musique instrumentale, l’aspect qui est le plus souvent décrié par les critiques est la mise en avant de la technique démonstrative au détriment du feeling et de la mélodie… Et là attention, car il est clair que la musique d’Alex déboule avec des millions de notes à la seconde sur certains passages. Les vidéos mises en avant sur son website pourraient également vous faire croire que sa musique n’est que technique pure… Mais en fait, nada de tout ça : en effet, il est clair que la technique est très présente dans sa musique mais il y a aussi différentes influences et ambiances qu’il ne faut pas occulter… Il ne faut donc pas se laisser aveugler par l’aspect démonstratif que l’on sent d’entrée de jeu et qui peut dégouliner par certains moments afin de capter l’abondance de feeling et musicalité qui est l’autre penchant de cet album.
« Expérimental Fusion » s’ouvre sur « Stronger », un titre fusion contenant de très bonnes parties de claviers à la Derek Sherinian rehaussées par une rythmique bien grasse et un thème assez lent qui va dériver, après une descente de manche à la vitesse de la lumière, dans un mouvement plus speed avec déchaînement de solos. Un bon morceau axé métal prog.
Plusieurs morceaux sont du même acabit : « Salve Utopia » ou « Black Desires » par exemple. Ce dernier possède un excellent thème en sweeping qui rappelle certains phrasés de Satriani dans sa période Extremist.
« Mr Slowfinger » est un morceau qui commence par un riff très big rock et qui s’enchaîne sur des plans absolument terribles de shred en référence à Mr Fastfinger (www.guitarshredshow.com pour ceux qui ne connaissent pas). « Dance of the Crazy Elves » est une transcription de l’œuvre de D. Popper composée initialement pour le violoncelle, une composition assez fantastique avec des plans de folie… Attention, si votre cerveau n’est pas capable d’assimiler un grand débit de notes, passez votre tour ! Si Nuno Bettencourt a fait son « Flight of the Wounded Bumblebee », Ron Thal son « Guitar Sucks », alors Alex a fait son « Dance of the Crazy Elves » un peu dans le même esprit.
L’album est assez bien équilibré avec notamment deux très belles ballades : « Travel Day » et « Destiny ». Cette dernière étant placée en 7ème position de l’album, on peut y voir un petit clin d’œil aux « Seven Songs » de Steve Vai (ce dernier mettant toujours une belle ballade en 7ème position de tous ses albums). Il n’est d’ailleurs pas sans évoquer des titres comme « Liberty », « For the Love of God » ou « Touching Tongues » du maître Vai : Alex Brachet ne pourra pas nier cette influence.
« Prelude to Death », « Hero’s Death » et « The Resurection » forment une très belle suite métal prog néoclassique qui ouvre sur une adaptation d’un prélude de J.S Bach avant de faire intervenir une très belle voix de Soprano puis d’entamer une partie plus musclée alternant solos de gratte et de claviers et parties jouées à l’unisson. La dernière partie de la suite est consacrée à des nappes de claviers posées sur un tempo relativement lent permettant à la guitare de se transcender sur des enchaînements d’arpèges joués en sweeping avec une précision taillée au millimètre, rappelant Mickaël Romeo et son « Dark Chapter » : Du très beau travail !
Pour finir et pour reposer l’auditeur après cette avalanche de notes, « Maestro » nous propose un très beau duo acoustique guitare/piano : beaucoup de feeling, un excellent touché et beaucoup de mélodie.
Que dire, si ce n’est que ce premier album est une belle découverte. On pourra lui reprocher un certain côté « Over-technique » et démonstratif mais qui est vite oublié et compensé par la richesse de ce qui est proposé. Pour tout amateur de guitare instrumentale, amoureux également de technique, cet album est un « must have »… Impressionnant ! Un guitariste à suivre, et c’est 100% français !